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1000 personnes bravent l'interdiction de manifester

A Genève, entre 1000 et 1500 personnes se sont rassemblées pour protester contre le Forum économique mondial de Davos

Les altermondialistes ne comprennent pas la décision du Gouvernement genevois d'interdire la manifestation de samedi dernier, alors que toutes les garanties avaient été données. Le déni démocratique progresse. Pendant ce temps, à Davos, les responsables de la crise réfléchissent aux meilleurs moyens d'en faire payer les coûts aux travailleurs...

La démocratie recule. En Suisse aussi. Le Conseil d'Etat genevois n'avait plus interdit une manifestation importante depuis trente-cinq ans, a rappelé l'un des organisateurs du rassemblement qui a eu lieu à Genève contre le Forum économique de Davos. Malgré l'interdiction prononcée par le Gouvernement, plus de 1000 personnes se sont déplacées samedi dernier à la zone piétonne du Mont-Blanc, avec le soutien des syndicats genevois présents sur place. Encerclés par les forces policières, les protestataires ont assisté à nombre de discours dans le froid, avant de tenter de défiler une heure plus tard. C'est là que la situation a commencé à se gâter. Face à des anti-émeutes inflexibles, barrant le passage, quelques jets de projectiles ont fusé depuis la foule, et les policiers ont riposté avec des gaz lacrymogènes et à coups de matraques. Dispersés, quelques groupes de jeunes ont continué à faire face aux pandores casqués, alors que bon nombre de manifestants se sont retrouvés piégés, encerclés sur la place piétonne, puis bombardés de gaz lacrymogènes. Alors que la situation était des plus tendues, aucun bris de vitres n'a été à déplorer en dépit de la présence d'une multitude de commerces dans la zone.

Pas de casse
Les organisateurs avaient en effet pris des mesures pour qu'aucun dégât ne se produise. «Ces événements montrent que tout était prêt pour une manifestation pacifique», indique Florence Protton, secrétaire générale d'Attac Suisse. Pour les anti-Davos, la décision d'interdire la manifestation ne repose que sur du vent: le Gouvernement avait affirmé que les organisateurs ne s'étaient pas engagés à garantir le caractère pacifique de la mobilisation, ni à mettre sur pied un service d'ordre: «C'est complètement faux, rétorque Florence Protton. Nous avions donné ces deux garanties! Pour éviter les dégâts, nous avons même intégré à l'organisation des groupes radicaux qui utilisent parfois les bris de vitrines comme forme d'action politique. Ceci en échange de leur engagement à ne pas utiliser ces moyens pendant la manifestation. Je suis allée l'expliquer moi-même auprès de la hiérarchie policière», déclare Florence Protton. Pour les organisateurs, le Conseil d'Etat a pris sa décision sur la base de fausses rumeurs distillées sur internet...
Encore une fois, les débats autour des manifestations anti-Davos occultent dans les médias les critiques par rapport au Forum économique mondial, où 2500 financiers, banquiers, chefs d'entreprises et hommes politiques s'arrogent le droit de «redessiner le monde de l'après-crise». La Communauté genevoise d'action syndicale (CGAS) avait pour sa part lancé un communiqué de presse cinglant: «Pour endiguer leur crise, les maîtres de l'économie et les gouvernements s'attaquent au droit du travail, aux droits sociaux, aux libertés fondamentales. Leur objectif est de faire payer la crise aux salariés, tout en instaurant un délire sécuritaire par le fichage, le flicage et la pénalisation de toute forme de contestation.»

Christophe Koessler