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Choisir le camp de la vie

Funeste anniversaire. Voilà déjà un an que l’éternel conflit israélo-palestinien a soudain atteint un degré de furie inédite. Aux atrocités commises par le Hamas le 7 octobre 2023 a répondu un déluge de feu israélien, qui a réduit Gaza à un énorme champ de ruines et tué des dizaines de milliers de personnes. Et les dirigeants de l'Etat hébreu ne semblent pas près de s'arrêter à ces représailles totalement disproportionnées, bombardant désormais aussi le Liban voisin. Comme si cela ne suffisait pas, on s’approche dangereusement d'une guerre ouverte avec l'Iran. Sombre perspective. Personne ne semble pouvoir – ou vouloir – mettre un terme à ce désastre. Ce devrait être le rôle de l’ONU, mais, prise à son tour pour cible par l’armée israélienne, elle n’a jamais paru aussi impuissante. Qu'il semble loin le temps où des ennemis de toujours faisaient un pas l'un vers l'autre pour chercher ensemble le chemin de la paix! Où un Yasser Arafat pouvait serrer la main d'un Yitzhak Rabin, un Mikhaïl Gorbatchev celle d'un Ronald Reagan ou un Nelson Mandela celle d'un Frederik de Klerk. 

Notre époque est celle des va-t-en-guerre, des forts en gueule qui bombent le torse. Et cela ne se limite pas à ce conflit ou à ceux qui font rage au Soudan, pris en étau entre deux généraux assoiffés de pouvoir, ou en Ukraine, victime des visées impérialistes du tyran du Kremlin. Avec l’extrême droite qui cartonne un peu partout, en Europe, aux Etats-Unis et ailleurs, force est de constater que la haine fait recette. Dans tous les domaines, on vit à l'heure du repli sur soi, du rejet de l'autre. Tout le monde contre tout le monde. Les fronts se durcissent, les opinions se radicalisent. Au milieu des vociférations, la voix de la raison a de plus en plus de peine à se faire entendre. A grands renforts d'amalgames réducteurs et de jugements à l'emporte-pièce, chacun est sommé de choisir son camp: soit tu es pour moi, soit tu es contre moi! Soit tu es du côté des génocidaires israéliens, soit du côté des terroristes palestiniens. Aucune place pour la nuance. La peste ou le choléra.

Mais il faut avoir le bon sens de choisir le camp de la vie, de la paix. Celui des innocents pris entre deux feux. De condamner aussi bien les jusqu'au-boutistes du gouvernement israélien que ceux du Hamas. Aussi bien l'occupation, la colonisation et l'apartheid israéliens que l'antisémitisme rampant. Aussi bien la lâcheté des pays occidentaux, qui fournissent des armes à Israël, que celle des mollahs iraniens, qui se cachent derrière leurs séides. Netanyahu et consorts ont peut-être réussi à affaiblir le Hamas, avant de s’en prendre au Hezbollah. Mais à quel prix? Et avec quels résultats à moyen terme? Les victimes de cette guerre sont essentiellement des civils. Pour chaque combattant tué par Tsahal, combien d’enfants, de femmes et de vieillards sacrifiés? Autant de morts dont cette politique de la terre brûlée est en train de transformer les frères, les pères et les fils en futurs djihadistes. La spirale de la haine doit s’arrêter.