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Crise politique en Bolivie

Lettre ouverte d’une lectrice en réponse à l’article «Les printemps latino-américains» paru dans L’ES du 4 décembre 2019

En Bolivie, il n’y a pas eu de coup d’Etat: il y a eu fraude. Beaucoup ont commenté la démission de l’ex-président Evo Morales, mais rien sur les 21 jours de lutte pacifique dans les rues le lendemain des présidentielles. Le peuple bolivien, apolitique, réclame le respect des votes du 20 octobre et refuse l’autoproclamation d’Evo Morales gagnant. Alors que le scrutin n’était pas encore terminé et conduisait au second tour, le comptage des voix a été interrompu pour 24 heures, puis a repris sur plusieurs jours en donnant au final une courte tête pour M. Morales (au passage, l’opposition a gagné à 80% en Suisse). Outrés et pas dupes devant la manipulation des votes, des milliers de Boliviens sortent dans les rues pour manifester sans violence et, peu à peu, police et armée se rangent à leurs côtés.

Ce mécontentement naquit le 21 février 2016, quand le Non résonna avec force en réponse au référendum organisé par Morales pour qu’il se représente une 3e fois. A l’époque, la communauté internationale resta silencieuse et Evo Morales postula sous l’excuse d’un «droit humain».

Dirigeant socialiste élu dignement en 2005, M. Morales avait réussi à diminuer la pauvreté dans certains secteurs de la société et le PIB avait notamment augmenté. Mais rapidement les valeurs les plus nobles du socialisme furent entachées par d’innombrables affaires de corruption, trafic d’influence, narcotrafic et crimes. En 2011, plusieurs groupes indigènes du Tipnis en Amazonie bolivienne (60% de la Bolivie est amazonienne) ont été délogés avec violence par le gouvernement de Morales. Alors, expliquez-moi où est le président indigène défenseur des peuples indigènes? Ses politiques expansives ont récemment brûlé 5 millions d’hectares de forêt vierge et tué 2 millions d’animaux. La démocratie bolivienne est encore neuve, nous n’allons pas la laisser partir. Face à cette campagne de désinformation, la Bolivie vit l’image d’une femme abusée, avec la peur de son agresseur à qui on cède la parole.

La Bolivie est une société plurielle et complexe: il n’y a pas des Blancs et des Indiens mais des êtres humains avec une richesse multiculturelle: 36 ethnies différentes qui, pour la première fois, s’unissent pour récupérer la démocratie. En Bolivie, «personne ne se fatigue, personne n’abandonne» cette bataille. Je finis avec la dernière phase de l’hymne national bolivien: «Mourir avant que de vivre comme des esclaves».

Merci d’avoir lu une Bolivienne sans motivation politique aucune.

Mayya Racle