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Du profit sur notre santé? Non!

L'accès aux soins ne doit pas se négocier en Bourse. C'est pourtant l'enjeu de la votation du 1er juin

Le 1er juin, nous avons à nous prononcer sur un changement radical de notre système d'assurance maladie. Qui vise à privatiser les bonnes affaires que la santé pourrait offrir aux assureurs et cliniques privées. Avec à la clef l'instauration d'une médecine à deux vitesses, sur le modèle américain. Un NON résolu est nécessaire pour sauvegarder notre droit à l'accès aux soins!

Le nouvel article constitutionnel sur l'assurance maladie ouvre grand la porte à une médecine à deux vitesses en Suisse. Non seulement parce que la fourniture de soins réguliers pour les personnes qui en ont besoin serait exclue des prestations obligatoires des assurances maladie, mais aussi parce que nous risquons de nous retrouver dans une situation à l'américaine, avec la disparition du libre choix du médecin au profit des caisses maladie et un diktat de ces dernières en matière de soins hospitaliers. Les cliniques et assurances privées appellent à voter oui parce qu'elles ont flairé des affaires juteuses. Si l'on regarde qui soutient cet article, on comprend beaucoup de choses...
Ainsi, ce sont surtout les cliniques privées et les assurances qui soutiennent le nouvel article constitutionnel. Ce qui n'est guère étonnant. Elles espèrent en effet que l'introduction d'une médecine à deux vitesses se traduira par une forte expansion des assurances complémentaires. Les seules vraiment lucratives pour elles, car les seules qui leur permettent d'engranger de copieux bénéfices.

Complémentaires traîtresses

Ces dix dernières années, les assurances complémentaires ont perdu en importance. Grâce à la Loi sur l'assurance maladie (LAMal), l'ensemble de la population a droit à des soins de santé de qualité élevée dans tous les domaines. Si bien que les assurances complémentaires sont devenues inutiles. Si l'on veut que cette situation se poursuive, il faut voter NON au nouvel article constitutionnel sur l'assurance maladie. Car les assurances complémentaires sont traîtresses. Pensons ici aux primes fixées en fonction du risque et à la sélection des futurs bénéficiaires de telles assurances. Les caisses réfléchissent en effet plutôt deux fois qu'une avant de conclure une ou des assurances complémentaires, et à quelles conditions elles le feront. Elles examinent l'état de santé des personnes qui en font la demande en remontant pratiquement aux premiers jours de leur existence. Cette procédure aboutit soit à l'acceptation de conclure une assurance complémentaire, soit à une acceptation mais avec des réserves, soit à un refus. Les assurances ne sont en effet pas obligées de conclure une complémentaire avec toutes celles et tous ceux qui le désirent. A cet égard, ce que le groupe de cliniques privées Hirslanden mentionne sur son site internet est intéressant: selon ce groupe, pratiquement toutes les assurances privées prévoient des réserves lorsque la personne qui souhaite une complémentaire a plus de 50 ans ou a déjà souffert de certaines maladies... Mais ce n'est pas le seul fait inquiétant. En effet, étant donné le montant élevé des primes fixées en fonction du risque, les assurances complémentaires peuvent même s'avérer très chères pour des personnes ayant un bon revenu.

Violente spéculation sur la santé
C'est clair: pour les défenseurs de l'article constitutionnel, cette votation offre le choix d'une direction à suivre. Selon eux, l'assurance maladie doit être autant que possible sortie du giron des assurances sociales et rendue accessible au marché dit libre, donc aux activités économiques axées sur le profit. Les hôpitaux privés, comme les cliniques du groupe Hirslanden, sont ainsi concernés. L'histoire toute récente de ce dernier montre d'ailleurs clairement avec quelle violence la spéculation se propage dans ce secteur: en 2002, le groupe Hirslanden est repris par le groupe d'investisseurs anglais BC Partners Funds. Et en 2007, Hirslanden est repris par le groupe sud-africain de cliniques privées Medi-Clinic Corporation Limited, coté en Bourse. Medic-Clinic a été fondé en 1983 avec le soutien du Rembrandt Group, actif dans l'industrie du luxe.

Un marché à 50 milliards
L'enjeu de cette votation? Beaucoup d'argent! Ce n'est pas un hasard si les partisans de l'article constitutionnel parlent d'un «marché de la santé qui pèse plus de 50 milliards de francs». Et c'est précisément la raison pour laquelle les milieux de l'économie privée et des assurances sont bien représentés au sein de leur comité (voir ci-dessous).
Des représentants favorables au marché de la santé et aux bonnes affaires que promet un tel marché libéralisé. Favorables à une privatisation qui porterait préjudice à la population. C'est pourquoi, nous devons glisser un NON clair et sonnant dans les urnes le 1er juin.

Christina Werder, USS/L'ES



Des élus sous influence...

Voici quelques membres du comité en faveur de l'arrêté sur l'assurance maladie:

· le conseiller aux Etats Felix Gutzwiller, membre du conseil d'administration de Privatklinik Hirslanden AG;

· le conseiller aux Etats Christoffel Brändli, président du conseil d'administration de Santésuisse (organisation faîtière des assureurs maladie suisses);

· la conseillère nationale Ruth Humbel, membre de la direction de Santésuisse

· le conseiller national Norbert Hochreutener, responsable à l'Association Suisse d'Assurance;

· le conseiller aux Etats Eugen David, président du conseil d'administration du groupe Helsana;

· le conseiller aux Etats Philipp Stähelin, et les conseillers nationaux Jürg Sthal et Roland Borer, membres du «Groupe de réflexion santé» du Groupe Mutuel.

USS