Eco-logique, Eco-nomique ou Eco-social?
Dans une récente édition de notre journal, et dans la presse romande, on nous a beaucoup parlé de la protection de la colline du Mormont et de mouvements sociaux contre le béton de l’affreux Holcim. Fervent soutien à ce mouvement et à toutes causes éco-logiques, je suis aussi un des représentants des travailleurs de la construction dans notre syndicat. Dans ce secteur, c’est le tout-au-béton qui prime, pour des raisons bien éco-nomiques. Comment allons-nous gagner notre vie si les cimenteries ferment? Comment allier défense de nos emplois et transition éco-logique? C’est une des questions à l’ordre du jour de notre dernière journée de congrès, le 26 février prochain.
Quatre textes d’orientation seront débattus et, au final, un sera retenu comme notre cheval de bataille pour les quatre ans à venir par vos délégués. Nul doute qu’ils ont tous leur importance: protection contre les licenciements, réduction du temps de travail et sortie de crise solidaire sont des thèmes que notre organisation porte avec brio. Mais de nombreuses voix s’élèvent parmi nous, réclamant un avenir supportable pour les générations futures. Et c’est le sujet du texte no 3 «Pour un avenir maîtrisé». J’ai la conviction que ce dernier porte d’autant mieux les trois autres thèmes que la grande préoccupation de nombreux travailleuses et travailleurs sur ce qu’il adviendra de nos emplois dans la transition inévitable de notre société.
En perte de membres depuis quelques années, il est vital que notre syndicat dépoussière ses idéaux et parle à une génération bien plus préoccupée par la destruction planétaire annoncée que le taux de conversion de leur retraite. En portant un véritable projet de transition éco-sociale de notre société, nous demandons des emplois durables pour une économie locale et résiliente. Réduction du temps de travail et de déplacement, formations vers des solutions d’avenir, transports abordables, investissements responsables de nos fonds de pension, notre droit à un avenir serein doit aussi passer par un financement équitable de la reconversion éco-sociale. Sans quoi, je le crains, ce sera encore aux classes laborieuses de payer l’addition des agissements des néocapitalistes, tout-puissants rois de l’éco-nomie d’aujourd’hui.
Eric Ducrey, président de la construction d’Unia Fribourg, membre des Vert.e.s et père inquiet pour le futur de son fils.