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Ecoles valaisannes: ballons éthiques hors jeu

Le Grand Conseil valaisan a, à une courte majorité, refusé un postulat de la gauche en faveur de l'achat de ballons éthiques

Pas de ballons garantis «propres» pour les écoles valaisannes. A une très courte majorité (50 non, 49 oui et 3 abstentions), les parlementaires valaisans ont refusé un postulat de l'Alliance de gauche qui se positionnait en faveur d'achats éthiques. Plus précisément, cette dernière réclamait, dans un premier temps, que le Département de l'éducation, de la culture et du sport n'acquière pas de ballons fabriqués par des enfants. «A plus long terme, nous voulions qu'une réflexion globale soit menée sur la politique d'achat de matériel dans les établissements scolaires», précise la députée socialiste Véronique Barras-Martinet, une des auteurs du postulat. Une requête inspirée par l'affaire du Crédit Suisse. «Durant l'Euro 2008, la banque a acheté 200000 ballons offerts aux enfants. Or, une émission de la télévision alémanique a dénoncé cette opération marketing en raison de l'origine de ces ballons. Ceux-ci étaient faits au Pakistan où l'on met souvent les enfants au turbin.»

Peu porteur...
Quoi qu'il en soit, la gauche a vu ses espoirs déçus. Sans nier le problème, le PDC s'est opposé à la proposition. «Notre parti, bien sûr, déplore le travail des enfants, mais la thématique est complexe. Les familles concernées ont parfois besoin de ces revenus. Il faut agir en amont et contribuer à lutter de manière globale contre la pauvreté et encourager l'instruction», déclare Claude Pernet, député qui a combattu le postulat. Et de renchérir. «Une intervention du Parlement cantonal est sans emprise sur ce type de problèmes. Il faut agir sur le plan fédéral et au niveau des ONG.» L'élu démocrate-chrétien relève encore que son parti ne s'est pas montré fermé à une sensibilisation à la problématique dans les écoles mais a critiqué le fait de la limiter à ce secteur et à des ballons. «Trop raccourci et peu porteur. La question est grave et mérite davantage d'intérêt.» S'exprimant là à titre personnel, Claude Pernet estime également que le postulat contribue seulement à se «donner bonne conscience.» «Je ne mets pas en doute la bonne foi de ses auteurs, mais ce n'est pas comme ça qu'on aide.»

Mauvaises excuses
Informée par ses collègues de l'argumentation du PDC, Véronique Barras-Martinet - qui n'a pu assister à la séance du Grand Conseil - la juge pour le moins «pauvre». «Cette opposition à notre demande - qui, au demeurant, n'a pas été soutenue par les radicaux et l'UDC - a vraisemblablement été dictée par un manque d'informations sur le commerce équitable. A moins qu'il ne s'agisse seulement d'un réflexe antigauche. C'est dans tous les cas de très mauvaises excuses pour ne rien faire. Et dire qu'il s'agit du parti de la famille», ironise la députée socialiste qui envisage de médiatiser l'affaire dans un quotidien local. Une voie que n'entend pas emprunter le PDC. «Cette thématique est beaucoup trop émotionnelle» affirme Claude Pernet, précisant que son parti n'a pas réagi au communiqué de presse de l'Œuvre suisse d'entraide ouvrière (Oseo) qui mène campagne auprès des collectivités publiques pour des achats éthiques.

Consternant!
«Le fait que ce ne soit pas le Département de l'éducation valaisan qui devrait être interpellé par cette problématique, mais une instance internationale, a joué un rôle décisif lors du vote final», note Alexandre Mariethoz, porte-parole de l'Oseo. «Cet argument est absolument navrant. C'est de la mauvaise foi. Chaque collectivité publique a la possibilité de ne pas acheter des ballons produits par les enfants. Il existe en effet des labels qui attestent d'une production «propre». La Fairtrade Labelling Organizations International certifie les ballons fabriqués équitablement. On les trouve dans le commerce pour un prix à peine supérieur à ceux d'origine douteuse.» Consternée par la décision des députés valaisans, l'Oseo est d'autant plus indignée qu'elle estime que le postulat n'avait rien d'exagéré. «Il aurait dû couler de source. Mais c'est peut-être une question financière... Les pouvoirs publics ont pourtant une responsabilité particulière en ce qui concerne le travail des enfants. Chaque fois qu'ils le peuvent, ils doivent agir concrètement contre ce fléau, plutôt qu'attendre passivement l'action d'une instance internationale.» Le principe des petits fleuves qui forment les grandes rivières...

Sonya Mermoud