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Face au mépris, la lutte!

Plus que trois semaines avant la nouvelle Grève des femmes du 14 juin. Partout en Suisse, les militantes féministes et les syndicalistes s’activent. Des manifestations se préparent dans de nombreuses localités. Çà et là, des grèves, des arrêts de travail, des pauses prolongées sont attendues. Des moments pour dire au patronat et aux autorités que ça suffit! Le 14 juin 1981 – il y a 42 ans! – le peuple suisse acceptait largement un nouvel article constitutionnel. Cet article est précis: «L’homme et la femme sont égaux en droit. La loi pourvoit à l’égalité, en particulier dans les domaines de la famille, de l’instruction et du travail. Les hommes et les femmes ont droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale.»

Depuis, le 14 juin est inscrit comme une date repère pour les droits des femmes en Suisse. Mais aussi une date symbolisant l’incurie des autorités et des employeurs dans la mise en œuvre de cette égalité et leur absence totale de volonté d’y parvenir. Reconnaître dans le texte des droits égaux est une chose, maintenir les femmes dans une situation d’êtres inférieurs, n’ayant pas besoin d’être rémunérées comme leurs collègues masculins, ou pouvant subir toutes les brimades possibles – même si c’est aussi le cas pour des hommes – en est une autre.

En 1990, neuf ans après le changement de la Constitution, rien n’avait bougé. Une ouvrière horlogère de la vallée de Joux, Liliane Valceschini, prise de colère face à cette inaction, lance l’idée d’une grève des femmes: «Vous vous rendez compte, si toutes les femmes faisaient grève, les gens verraient enfin le travail qu’elles fournissent», avait-elle déclaré à l’issue d’une assemblée de la FTMH, un des syndicats fondateurs d’Unia. Il y avait été question de non-respect par une entreprise de ses ouvrières et de discrimination des femmes dans l’AVS et le 2e pilier. L’idée a été saisie au vol par Christiane Brunner, future présidente du syndicat, qui se battra pour la faire accepter à ses collègues masculins. L’année suivante, le 14 juin 1991, un demi-million de femmes manifestaient dans les rues du pays.

Ce n’est que cinq ans plus tard, en 1996, que la Loi sur l’égalité entrait enfin en vigueur, introduisant l’interdiction de discriminer dans les rapports de travail, notamment en matière de salaires, de tâches ou encore de formation. Elle interdit aussi clairement le harcèlement sexuel et moral. Or aujourd’hui, la situation stagne désespérément. L’égalité salariale n’est toujours pas instaurée, les femmes gagnent encore 18% de moins que les hommes, le harcèlement sexuel est légion dans de nombreux secteurs, comme la restauration. Et le travail des femmes dans les métiers dits «essentiels», comme la vente et la santé, n’est pas reconnu à sa juste valeur.

L’égalité et le combat pour les droits des femmes, au travail comme à la maison et dans la société en général, a été remis au centre de la lutte il y a quatre ans, avec la Grève féministe du 14 juin 2019 qui a aussi rassemblé quelque 500000 femmes. Depuis, rien n’a changé. Ou si peu. Une pseudo-révision de la loi imposant des contrôles des salaires dans les entreprises de plus de 100 employés est entrée en vigueur en 2020. Mais pour l’heure, aucun bilan n’a été effectué. Il serait vain d’en attendre quoi que ce soit. Comme pour le reste de la Loi sur l’égalité, aucune sanction n’est prévue en cas de violation. Les femmes se retrouvent seules face à leur patron lorsqu’elles essaient de faire respecter leurs droits.

Il est temps de renverser la vapeur, et que les choses bougent enfin dans le bon sens et non dans celui d’une égalité à rebours comme avec AVS 21! La mobilisation de toutes les travailleuses, et de tous leurs collègues masculins, est nécessaire pour avancer et briser la résistance de politiciens et d’employeurs qui méprisent les femmes depuis trop longtemps.