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Fausse route

Nouvelle atteinte au pouvoir d’achat de la population déjà largement mis à mal par l’inflation et une augmentation des dépenses incompressibles. Nouveau coup dur pour la classe moyenne et les bas revenus qui doivent tourner avec un budget de plus en plus serré et des rémunérations qui ne suivent de loin pas la courbe ascendante des prix: dès la fin de l’année, les usagers des transports publics voyageront à plus grands frais. L’Alliance SwissPass a en effet annoncé qu’elle procédera à partir du 10 décembre à ce qu’elle appelle une «mesure tarifaire». Un euphémisme pour annoncer une augmentation des coûts de 4,3% en moyenne. Une hausse qui devra encore être validée en juin prochain par ses 250 entreprises membres. Le surveillant des prix sera lui aussi consulté.

L’organisation de branche justifie sa décision par un tarif qui n’a pas évolué au niveau national depuis 2016. Elle mentionne également la hausse de la TVA de 0,4% due à la réforme de l’AVS qui entrera en vigueur l’an prochain. D’autres facteurs sont mis en avant comme l’élargissement de l’offre, le renchérissement des coûts des salaires, de maintenance et d’énergie, l’inflation ou encore la baisse des indemnités versées au trafic régional. Sur ce dernier point, l’Alliance note que la Confédération réduira de 7,8% les moyens qui lui sont alloués en 2024. Des économies visant à assainir ses finances après la période Covid.

La majoration du prix des billets, cartes journalières et abonnements ne sera pas linéaire. Et, en l’état, frappera nettement plus durement les personnes circulant en deuxième classe. Ces dernières devront débourser 4,8% de plus contre seulement 1,9% pour leurs homologues installés dans les fauteuils feutrés de première classe, dont nombre restent inoccupés. Une mesure pour le moins antisociale et injuste. La pilule est d’autant plus difficile à avaler que la large majorité des pendulaires utilisant le réseau ferroviaire cumulent, sur les lignes principales, les expériences de trains bondés aux heures de pointe. A eux pourtant de participer davantage à éponger les déficits des CFF! Qui se plaignent par ailleurs de n’avoir pas retrouvé le niveau de passagers comptabilisé avant la crise sanitaire. Quadrature du cercle avec des coûts qui, déjà élevés, vont encore croître et le risque que les usagers finissent par se détourner du rail. Un réseau ferroviaire au demeurant de plus en plus souvent pointé pour des retards et autres problèmes.

Le prix de l’abonnement général en deuxième classe prendra une nouvelle fois l’ascenseur. Et franchira la barre symbolique des 4000 francs, 4080 francs précisément, soit 5,7% de plus. En 2010, rapporte la Tribune de Genève dans son édition des 6 et 7 avril, il s’élevait à 3300 francs, soit environ 24,6% de moins que le montant envisagé aujourd’hui... Pour atténuer l’impact des options prises, l’Alliance SwissPass fait néanmoins valoir quelques facilités à meilleur marché. Des «sucres», comprenez des rabais spéciaux, essentiellement destinés à une clientèle jeune, une offre de loisirs plutôt, ainsi que la persistance de billets dégriffés.

Reste que, dans le contexte climatique actuel, alors que tous les voyants sont au rouge, augmenter les prix des transports en commun s’avère une aberration. Réduire les subventions, un calcul, tout aussi mauvais. Il faudrait au contraire multiplier les efforts pour favoriser le recours le plus large possible au rail en pratiquant des tarifs attractifs; renforcer le service public de mobilité dans l’intérêt général, et en élargissant la desserte. Rappelons que les transports routiers sont responsables, dans nos frontières et en ne prenant pas en compte le trafic aérien, de près de 40% des émissions de CO2. L’urgence environnementale devrait dicter aux acteurs concernés une politique responsable. Et ce sans pénaliser les usagers, en particulier les voyageurs de deuxième classe, qui doivent déjà suffisamment composer avec le renchérissement actuel.