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Gothard, le plus grand chantier d'Europe paralysé !

Durant 24 heures, une grève surprise a paralysé tous les chantiers du Gothard. Entamé le vendredi 12 octobre au soir sur les sites de Faido, de Bodio (au Tessin) et d'Amsteg (Uri), le mouvement s'est étendu le lendemain à Sedrun (Grisons). Au total, quelque 700 ouvriers travaillant à la construction des nouvelles liaisons ferroviaires alpines (NLFA) ont participé à ce débrayage qui a résonné comme un avertissement au patronat. Cette action musclée, première du genre depuis l'entrée en vigueur du vide conventionnel dans le secteur principal de construction le 1er octobre, a marqué le début des grèves tournantes en Suisse (voir les articles sur Genève et Neuchâtel). Soutenus par Unia et Syna, les mineurs se sont mobilisés pour réclamer une nouvelle Convention collective de travail (CN). Sa résiliation unilatérale par les entrepreneurs les inquiète à plus d'un titre: non seulement elle ouvre grande la porte à la sous-enchère salariale mais elle aura aussi des conséquences fâcheuses sur leur sécurité et leur santé. «Les ouvriers effectuant des travaux souterrains courent des risques extrêmes et sont exposés à de graves atteintes dans leur santé» ont relevé des représentants d'Unia. «Les alarmes sont fréquentes à cause de multiples dangers comme les éboulements, les incendies, la présence d'amiante, de fuites de gaz, etc. Le travail doit souvent être interrompu. Les mineurs savent bien que sans CN, le stress va augmenter, les accidents vont se multiplier», a relevé Unia précisant que, depuis le début de la réalisation des NLFA, douze travailleurs ont perdu la vie et des dizaines d'autres ont été blessés, très gravement parfois. Le vide conventionnel se traduira également par la dérégulation totale du marché dans ce secteur. «Ces dernières années, plusieurs sociétés opérant sur les chantiers NLFA ont contrevenu aux lois et à la CN. En l'absence de conditions minimales de travail obligatoires et de contrôles assortis de sanctions, le dumping salarial et social s'amplifiera.» Dans ce contexte, la lutte se poursuivra jusqu'à la signature d'une nouvelle CN. Dans l'intervalle, ont précisé les syndicats, le droit de grève garanti par la Constitution n'est pas restreint.

SM