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«Il n’existe pas d’huile de palme durable»
Un référendum a été lancé contre l’accord de libre-échange avec l’Indonésie. L’huile de palme au cœur de la contestation
Stop huile de palme! C’est sous ce mot d’ordre que plusieurs organisations, Uniterre en tête, ont lancé un référendum contre l’accord de libre-échange de l’AELE avec l’Indonésie, approuvé par le Parlement en décembre. Une démarche inédite, précise Rudi Berli, président de la section genevoise du syndicat agricole, nécessitée par des monocultures qualifiées de «véritable catastrophe» en raison de leur impact environnemental et social. Les opposants dénoncent la perte d’immenses zones de forêt tropicale, l’usage de pesticides, le déplacement de populations autochtones et de petits exploitants chassés de leurs terres ou encore le travail des enfants. «L’huile de palme durable n’existe pas. C’est de l’éco-blanchiment», affirme le syndicaliste. Pour l’alliance – réunissant entre autres le parti Nouveau Radical du vigneron Willy Cretegny, Solidarité sans frontières, la Grève pour le climat, les Jeunes Verts, etc. – il manque des mécanismes de contrôle efficaces et des sanctions contraignantes. Rudi Berli fustige aussi une concurrence déloyale avec les produits locaux. «Cette huile se substitue à celles indigènes: colza et tournesol, en particulier. Elle est aujourd’hui déjà bon marché et va encore mettre la pression sur les huiles suisses en bénéficiant d’importantes réductions tarifaires. Nous devons préserver la production nationale de graines oléagineuses.» Si notre pays n’est pas autosuffisant en la matière ‒ la production suisse couvre 35% des besoins ‒ il doit, estime le représentant d’Uniterre, se fournir chez ses voisins. «Avant, nous commercions uniquement avec l’Europe pour l’huile. Une proximité que nous devons privilégier. Cet accord donne un mauvais signal, crée un appel d’air. Il n’est pas cohérent avec une politique qui envisage un virage écologique.»
Logique du passé
Dans son argumentaire, le comité référendaire met aussi en avant les dégâts du commerce mondial qui a «entraîné la destruction de l’environnement»: «Compte tenu de la crise climatique, le transport de marchandises doit être limité. Dans la plupart des pays, le libre-échange n’a augmenté ni la prospérité ni la qualité de vie et ne sert que les intérêts économiques des multinationales.» Rudi Berli prévient: «Nous contesterons tous les accords de ce type. Nous devons lutter contre cette dérégulation commerciale linéaire, qui appartient à une logique du passé, et réguler le marché selon des critères environnementaux et sociaux.» D’ores et déjà dans le collimateur, l’accord entre Berne et les pays sud-américains du Mercosur.
Pour le militant, la Suisse fait déjà suffisamment d’affaires avec l’Indonésie, un partenaire économique important dans cette région du globe, avec un volume d’échanges s’élevant à 1,4 milliard de francs par année. La convention en question n’offrirait-elle aucun avantage pour les agriculteurs helvétiques? «Très peu d’Indonésiens mangent du gruyère. Et, le cas échéant, il s’agira de personnes riches, qui accepteront d’y mettre le prix.»
Le comité d’initiative a jusqu’au 9 avril pour récolter les 50000 signatures exigées. S’il parvient à réunir les paraphes à temps, il se montre plutôt optimiste quant au verdict des urnes. «Lors des débats sur la question, plusieurs initiatives de cantons ont demandé d’exclure l’huile de palme de l’accord. Au Parlement, 40% des élus se sont positionnés dans ce sens. Au minimum, on devrait obtenir une application plus stricte des critères de durabilité.»