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«Je veux avoir mon mot à dire sur ce qu’il se passe dans le canton où je vis»

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© Thierry Porchet

«Je suis arrivé à Genève en me disant que j’allais y passer trois semaines… Ça fait 22 ans que je suis là.»

Rafal Przenioslo est l’une des chevilles ouvrières de l’initiative cantonale «Une vie ici, une voix ici, renforçons la démocratie». Ce texte, sur lequel Genève est appelé à s’exprimer le 9 juin, propose d’accorder le droit de vote et d’éligibilité dès huit ans de résidence en Suisse. «Dix ans que je m’engage pour ça», assure-t-il devant une mousse, alors qu’il sort de la table ronde organisée par Unia sur ce thème.

Agé de 48 ans, ce Polonais d’origine est établi en Suisse depuis 2002. «Je vivais à Lyon dans les squats. Lorsqu’ils ont été fermés, je suis venu à Genève. Je me suis dit que j’allais y passer trois semaines… et ça fait 22 ans que je suis là !», sourit-il. Dans les années 1990, des squats s’étaient ouverts aux quatre coins de la ville du bout du lac, dans les immeubles et les villas laissés vides par l’éclatement de la bulle immobilière. Rafal trouvera à se loger dans une maison du quartier de Saint-Jean où, avec ses colocataires, il ouvrira un bar et organisera des concerts. Jusqu’à ce que le procureur Zappelli ne vienne mettre un terme à cette aventure. «J’ai maintenant un travail normal et je paie des impôts.» Employé de la société Affichage Vert, il se déplace à vélo pour accrocher, d’un panneau à l’autre, des placards.

Habitant désormais aux Charmilles, Rafal se sent «complètement Genevois». Il soutient d’ailleurs le Servette FC: «Je suis Servettien, mais pas ultra», tient-il à préciser, en peinant à comprendre les affrontements entre supporters.

Cela ne nous dit pas encore comment il s’est retrouvé aux avant-postes de l’initiative «Une vie ici, une voix ici». «J’étais sans statut légal et c’est grâce à Unia que j’ai obtenu un permis en 2007.» On lui propose de venir à une réunion syndicale, puis il intègre le groupe d’intérêt migration et en devient le président. «L’initiative vient de notre groupe, c’est nous qui avons pris contact avec les politiques pour la lancer.» Il lui paraît très important de pouvoir donner son avis à la faveur des votations: «Je veux décider de ce qu’il se passe dans le canton où je vis.»

Le militant a participé à de nombreux stands durant la campagne. «J’adore discuter avec des gens qui ne sont pas d’accord avec moi.» Pessimiste sur le résultat, il note toutefois l’absence de campagne des opposants. «Si ça ne passe pas, je vais continuer, mais je crains que le prochain vote n’ait lieu que dans quinze ans.» 

Une vidéo de Thierry Porchet