«Je veux que les militants fixent les lignes directrices»
Xavier Henauer est le nouveau président d’Unia Genève. Ce syndicaliste de Givaudan porte un ambitieux projet de retour à la base
Xavier Henauer est le nouveau président d’Unia Genève. Il a été élu le 7 juin par le comité régional et succède au duo formé par Christian Berlemont et Danielle Parmentier. Agé de 49 ans, ce laborantin en chimie travaille depuis 25 ans chez Givaudan, le fabricant d’arômes et de parfums, et préside la délégation syndicale du site de Vernier depuis 2013. Très actif, il est, par ailleurs, commissaire d’apprentissage, juge prud’homme, conseiller municipal socialiste à Versoix et percussionniste dans l’harmonie de sa commune.
En tant que président d’Unia Genève, Xavier Henauer veut donner aux membres le tout premier rôle. «Je trouve qu’au sein d’Unia, les militants et les militantes n’ont pas assez de place. Tout est sans doute un peu trop régulé et on oublie que ce sont les membres qui doivent décider, que l’appareil est là pour appliquer ce que nous voulons et non l’inverse», explique le syndicaliste, qui voit Givaudan comme un modèle: «Nous sommes très autonomes. Le syndicat est davantage un support juridique et une aide pour les négociations. On devrait pouvoir voir ça ailleurs. C’est pour cela que je me suis présenté à la présidence: pour que les lignes directrices soient fixées par les militants et non par ceux qui sont censés travailler pour nous. Nous avons certes besoin que l’appareil prenne position, nous explique les enjeux et fasse des propositions, mais il y a trop peu de sujets militants traités dans les comités régionaux alors qu’il faut que nous discutions des problèmes concrets des travailleurs.»
«Sans unité, on n’obtient rien»
Outre l’autonomie des décisions vis-à-vis de l’appareil, l’unité des travailleurs est un autre aspect essentiel aux yeux de Xavier Henauer. Là encore, l’organisation syndicale chez Givaudan est montrée en exemple: «Nous avons une certaine cohésion et un esprit revendicateur, la délégation syndicale peut compter sur le soutien des camarades. Dans le cas de la région, si un délégué syndical dans le gros œuvre, la vente ou tout autre secteur d’activité est pris dans la tourmente, il faudrait par exemple que tous les syndicalistes délégués du comité régional viennent le soutenir sur son lieu de travail. L’unité, c’est ce qu’il y a de mieux. Sans unité, on n’obtient rien. Et c’est ce qui nous manque le plus actuellement.»
Retour à la base, autonomie, cohésion… Le projet est ambitieux. «J’ai quelques idées, mais c’est aussi à mes collègues d’apporter leur pierre à l’édifice. Ce qui est essentiel, c’est de pouvoir se parler ouvertement et librement. J’aimerais que les collègues osent exprimer leurs idées et puissent débattre dans le respect, sans crainte d’un quelconque jugement. Nous devons accepter le fait que nous ne soyons pas forcément toujours d’accord entre nous, mais nous devons toujours rechercher un lien rassembleur.»
La rentrée d’Unia Genève s’annonce très militante.