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Jeux sous haute surveillance

Le coup d’envoi des Jeux olympiques d’hiver a été donné vendredi à Pékin. Jusqu’au 20 février, des centaines d’athlètes vont s’affronter pour tenter de décrocher 109 titres olympiques dans 15 disciplines. Un immense rendez-vous, dont les enjeux sous-jacents vont bien au-delà du sport. Un événement que la Chine prépare depuis des mois, réglé comme du papier à musique. De la sécurité sanitaire à la sécurité publique, tout est sous haut contrôle. Pour ne pas entacher l’image qu’il souhaite véhiculer à travers les écrans du monde entier, le Gouvernement chinois s’est assuré de mettre la poussière sous le tapis. En d’autres termes, on fait taire les opinions dissidentes et on ne parle surtout pas des choses qui fâchent. La censure, quoi. Le FBI lui-même a conseillé aux participants de ne pas apporter leurs propres appareils électroniques et de préférer des téléphones prépayés, pour ne pas être victimes de cyber-surveillance.

Le directeur adjoint du comité d’organisation des JO de Pékin aura été clair: «Tout comportement ou discours contraire à l’esprit olympique, mais aussi aux lois et aux règlements chinois, sera passible de sanction.» Hors de question de voir des athlètes ou des spectateurs porter des slogans en soutien aux Ouïghours, aux démocrates hongkongais ou encore à Peng Shuai, vous vous rappelez, cette joueuse de tennis disparue de la sphère publique et des courts après avoir accusé un ancien dirigeant du régime d’agression sexuelle… Quant aux militants pour les droits humains, certains sont assignés à résidence (pour ne pas dire empêchés de sortir de chez eux) et d’autres ont vu leurs réseaux sociaux suspendus. Un harcèlement qui sévit tout au long de l’année mais qui se durcit à l’approche de grands événements internationaux comme celui-ci.

Ailleurs, la colère gronde. De nombreux pays comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et globalement l’Union européenne ont choisi le boycott diplomatique, même s’il est plus ou moins assumé, souvent sous couvert de situation sanitaire tendue. Des athlètes et leurs entraîneurs ont remis en question le choix de la Chine, qui, selon eux, ne devrait pas pouvoir accueillir des JO au vu des exactions commises, et qui ont aussi soulevé l’hérésie de tenir des Jeux d’hiver avec une neige 100% artificielle pour la première fois de l’histoire. Les ONG ont aussi leur mot à dire, notamment Amnesty International, qui considère que le Comité international olympique (CIO), basé à Lausanne, a le devoir de s'opposer à toute tentative des autorités chinoises de restreindre davantage les droits humains pendant les Jeux olympiques. Devant ce même siège du CIO, le 3 février, 500 Tibétains venus de toute l’Europe ont protesté pour dénoncer les «Jeux de la honte» et demander la fin des violations des droits de l’homme au Tibet. La Chine aura, malgré tous ses efforts, encore une fois été sous le feu des critiques. Le vrai problème, c’est que rien ne change.