John Roduit note folklorique et syndicale
Toujours membre du syndicat par solidarité, John Roduit s'est produit avec son groupe de cors des Alpes à l'assemblée d'Unia
«Chacun défend son pain»
«Nous bénéficiions de bonnes conditions de travail et salariales. Ma situation, aujourd'hui, je la dois à la Ciba», poursuit le retraité précisant avoir eu la chance de quitter la vie professionnelle au bon moment. Et n'ayant jamais eu à recourir au syndicat, lui qui en fait partie depuis 50 ans et continue à cotiser par solidarité. «Mais maintenant, c'est différent. On en a davantage besoin. Le monde du travail s'est durci. Toujours plus de stress et aucune garantie de l'emploi», note John Roduit tout en estimant que l'individualisme a gagné du terrain. «C'est parce qu'il n'y a plus assez de boulot. Chacun défend son pain», affirme cet homme qui vote radical non sans interroger, un rien ironique, s'il faut être désormais socialiste pour se syndiquer. Pas de quoi en tout cas refuser l'invitation, un mois plus tôt, d'Unia Monthey de venir jouer à son assemblée générale, avec son groupe de cors des Alpes, «Le cor accord» formé, au complet, de neuf personnes. Joueur de cet instrument depuis quinze ans, John Roduit l'a adopté par goût de la tradition et du folklore. Un apprentissage facilité... «Je pratique le trombone à coulisse depuis 42 ans. Ça m'a aidé pour me familiariser avec le cor. Cet instrument n'est pas difficile mais nécessite de l'entraînement. Il faut positionner ses lèvres de différentes manières pour produire toutes les notes», explique tant bien que mal le bassiste tout en faisant une démonstration avec son cor en bois de sapin long de 3,40 mètres et pesant 3,5 kilos.
La famille et les copains d'abord
Passionné de musique depuis tout gamin, John Roduit, qui fait aussi partie de la fanfare des Gars du Rhône, «la fanfare des vieux», se moque-t-il gentiment, cultive aussi d'autres loisirs. Membre de la société mycologique de Fully, il apprécie partir à la cueillette aux champignons. «Maintenant, c'est la saison des morilles. On les trouve généralement sous les noisetiers et les foyards et cette année s'annonce prometteuse, mais moi je préfère ramasser d'autres espèces. On est ainsi au moins sûr de ramener quelque chose à la maison», relève cet amoureux de la nature et des balades. «S'il faut du flair pour repérer les champignons? Non. Juste aimer rôder», poursuit John Roduit qui passe aussi beaucoup de temps dans son vignoble. Un lieu qui, affirme-t-il, le ressource. «J'ai du plaisir à travailler la vigne. A regarder pousser le raisin. J'y ressens de la quiétude.» Le vigneron produit son propre vin, essentiellement pour la famille et les amis. Deux piliers fondamentaux dans son existence. «Les enfants, les proches, sont très importants. Mais peut-être que mon épouse estime que je passe un peu trop de temps avec les copains...» s'exclame John Roduit, marié et père de deux filles et d'un garçon, et qui sera bientôt dix fois grand-père.
Rêve canadien...
Sympathique, facile à vivre sous réserve, précise-t-il en rigolant, qu'on ne le contrarie pas, le joueur de cor des Alpes aime aussi voyager. Et rêve de retourner aux Etats-Unis après avoir visité la Floride, Washington et New York. Une dernière ville qui l'a notamment séduit par son animation, jour et nuit. «Il y a toujours des personnes dans les rues», relève le retraité qui ne tient pas en place. Ce qu'il souhaiterait toutefois le plus, c'est d'assister à un match de hockey sur glace au Canada. «Je ne désespère pas, mais bientôt, on aura plus le droit d'avoir ce genre de projets», lance-t-il, pensif, en caressant sa barbe poivre et sel. Dans l'intervalle il participera, pour sûr, en juillet, aux Européades, le plus grand rassemblement européen de l'art et de la culture traditionnels, qui se déroule chaque année dans un pays différent du vieux continent. «Cette édition nous irons à Padoue, en Italie», se réjouit le retraité qui donne avec son groupe une vingtaine de concerts par année.
Sonya Mermoud