«La Banque nationale joue avec le feu»
L’USS dénonce une décision de la BNS qui risque d’apprécier le franc et mettrait en péril les salaires et les emplois dans certains secteurs liés à l’exportation
Jeudi dernier, la Banque nationale suisse (BNS) annonçait la hausse de son taux directeur de 0,5% pour le porter à 1,5%. Elle a justifié ce relèvement par sa volonté de combattre l’inflation qui, selon ses dires, s’est accélérée de nouveau depuis le début de l’année, atteignant 3,4% en février. La BNS se réserve la possibilité d’augmenter davantage son taux d’intérêt «pour assurer la stabilité des prix», note-t-elle dans son communiqué. Elle ajoute: «Afin de garantir des conditions monétaires appropriées, la Banque nationale reste en outre disposée à être active au besoin sur le marché des changes. Depuis quelques trimestres, il s’agit principalement de la vente de devises.» Une volonté qui a fait bondir l’Union syndicale suisse (USS), estimant que «la BNS joue avec le feu». La faîtière syndicale explique que «par le passé, de telles remarques ont incité les spéculateurs sur les devises à miser sur une appréciation du franc».
Pour l’USS, ce qui est arrivé dans le secteur bancaire ces derniers jours «est tout simplement effarant», écrit-elle dans un communiqué. Avant de poursuivre: «En Suisse et aux Etats-Unis, des banques ont dû être sauvées afin d’éviter de potentielles catastrophes économiques. Et personne ne peut savoir à l’heure actuelle dans quelle mesure les dangers sont réellement écartés. Dans un tel contexte, le franc risque de s’apprécier fortement, bien qu’il soit déjà surévalué. La déclaration d’intention de la BNS d’autoriser de nouvelles appréciations est un jeu risqué.»
La faîtière des syndicats se dit extrêmement préoccupée face à cette décision. Elle explique que les exportations de divers produits industriels stagnent ou sont en recul, que la compétitivité des prix de certaines branches d’exportation, comme l’industrie alimentaire et celle des boissons, s’est déjà détériorée en raison de la hausse du franc, et conclut: «Une nouvelle appréciation significative du franc mettrait en péril les salaires et les emplois dans plusieurs secteurs de l’économie d’exportation.»