Contrer l’augmentation des loyers
«En raison de la hausse du taux d’intérêt de référence, la moitié des locataires doit s’attendre à une augmentation salée de leur loyer en octobre 2023.» Pour l’Union syndicale suisse (USS), c’est un «coup de massue» qui va encore dégrader le pouvoir d’achat des locataires. Selon ses estimations, les loyers pourraient augmenter jusqu’à 8% en moyenne d’ici à la fin de 2024. Le taux d’intérêt hypothécaire de référence a été relevé au 1er juin 2023 de 1,25% à 1,50%, ce qui signifie selon l’Ordonnance sur le droit du bail (OBLF) une augmentation potentielle de 3% au 1er octobre 2023 pour la moitié des locataires. Car, selon la Banque Cantonale de Zurich, 49% d’entre eux ont soit déménagé récemment soit revendiqué des baisses de loyer ces 14 dernières années (période durant laquelle le taux n’a pas été relevé). «Bien que quelques grandes régies immobilières aient dans un premier temps signalé qu’elles attendraient encore avant d’augmenter les loyers, les premières données empiriques existantes montrent que des lettres recommandées sont envoyées un peu partout en Suisse (certes, beaucoup concernant des hausses de loyer pour novembre ou décembre)», indique l’USS dans son analyse. De surcroît, en vertu de l’OBLF, une partie du renchérissement et des hausses des coûts peut également être répercutée de manière forfaitaire sur les loyers. Plus largement, la faîtière syndicale s’inquiète que certains bailleurs en profitent pour augmenter illicitement leurs loyers. De surcroît, plusieurs banques prévoient déjà une nouvelle hausse du taux d’intérêt de référence de 0,25% en décembre. «Ainsi, les loyers pourraient augmenter d’à nouveau 3% au 1er avril 2024. S’ajoutent à cela les 40% du renchérissement cumulé ainsi que l’augmentation générale des coûts de 0,5% pour un semestre, ce qui devrait porter la hausse totale à environ 4%…»
Par ailleurs, deux initiatives parlementaires affaiblissant les droits des locataires – «empêcher les sous-locations abusives» et «résiliation du bail en cas de besoin du bailleur» – au programme des débats parlementaires de cet automne, ont été acceptées en juin par la Commission des affaires juridiques du Conseil des Etats.
L’USS demande, au contraire, un renforcement contre les résiliations de bail. Mais aussi un examen périodique du rendement locatif admissible. Le contrôle des loyers et des rendements doit être repris en main par l’Etat. De surcroît, des prescriptions légales claires sont nécessaires pour éviter que les rénovations énergétiques ne soient répercutées sur les loyers. La faîtière syndicale revendique aussi le développement d’instruments d’encouragement à la construction de logements d’utilité publique et l’introduction d’un droit de préemption pour la Confédération, les cantons et les communes.
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Davantage de salaire et de rente pour les femmes!
Le 16 septembre, l’USS appelle les femmes, particulièrement frappées par la précarité, à manifester massivement. S’il faut encore le rappeler, elles travaillent plus à temps partiel, prennent en charge la majeure partie du travail domestique, de soins et d’assistance – des enfants, des personnes âgées ou malades –, et sont majoritaires dans les secteurs d’activités les plus faiblement rémunérés. Conséquence, elles touchent de maigres revenus et, au moment de la retraite, ont un tiers de rente en moins en moyenne que les hommes. Or, «au lieu d’éliminer enfin le déficit de rentes des femmes, le gouvernement et le Parlement prévoient déjà de nouvelles détériorations inutiles et des coupes dans les rentes de veuves», s’insurge l’USS, qui appelle à une amélioration des salaires et des rentes, à un accueil abordable des enfants et à une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale pour avancer vers l’égalité.
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