Ce 14 juin sera placé sous le signe de la défense des rentes et des salaires des femmes. Entretien avec Aude Spang, secrétaire nationale à l’égalité pour Unia.
Quelles sont les revendications principales de ce 14 juin?
La thématique des salaires et des rentes sera au cœur de cette journée. Pas parce que le reste n’est pas pertinent mais parce que l’actualité politique est brûlante, notamment à travers la réforme LPP21 qui s’attaque à toutes les rentes mais qui est spécifiquement problématique pour les femmes. Quant aux salaires, entre l’inflation et les augmentations salariales qui n’arrivent jamais, y compris dans les métiers que le Covid a révélés comme «essentiels», il est urgent de tirer la sonnette d’alarme. N’oublions pas que les femmes sont majoritairement présentes dans les secteurs les moins conventionnés. La moitié d’entre elles en Suisse touche moins de 4126 francs par mois, alors que nous revendiquons un minimum de 5000 francs mensuels pour les métiers avec formation. En résumé, notre slogan «Du respect, du temps et de l’argent» est toujours valable, mais on se concentre cette année sur le volet financier.
Quel genre d’actions auront lieu?
Unia va organiser une conférence de presse sur la place Fédérale à Berne en présence de travailleuses de nos branches, notamment de la vente ou encore des assistantes en pharmacie.
Il y aura par ailleurs des actions dans les régions, au sein des entreprises mais aussi dans l’espace public. Des grandes manifestations auront lieu à Berne, Genève, Lausanne ou encore Fribourg, en collaboration avec les collectifs féministes locaux.
Même si la campagne de cette année est plus réduite, il est important de rester mobilisées et de continuer à faire vivre le mouvement féministe. Car malgré des avancées politiques discrètes, ces grèves des femmes ont un impact réel et profond sur la société. En tant que syndicat, il est important qu’on reste engagés sur le sujet. On ne doit pas s’arrêter à 2019 et 2023, c’est un processus et nous sommes contentes de voir cette dynamique évoluer. L’objectif de fond est que les femmes s’organisent toujours plus et toujours mieux sur leur lieu de travail, pour du respect, du temps et de l’argent!
La Conférence des femmes d’Unia a eu lieu fin mai. Qu’en est-il ressorti?
Nous nous sommes réunies pour tirer le bilan des dernières années de mobilisation et préparer la suite de la lutte. Deux points importants ont été discutés. D’abord, nous avons adopté un guide pour l’égalité dans les conventions collectives de travail (CCT). Cet outil s’adresse aux collègues syndicalistes qui vont négocier avec les patrons afin qu’ils intègrent et fassent passer nos revendications féministes dans les CCT.
En outre, nous envisageons de lancer une grande campagne de lutte contre les violences sexistes, le harcèlement sexuel et les discriminations au travail. Un travail qui va être mené par les membres de la Commission Femmes d’Unia et qui prendra quelques années, car nous voulons vraiment que la préparation soit sérieuse et efficace. Ces problématiques sont syndicales, car elles sont liées au monde du travail: une femme sur trois subit du harcèlement sexuel au travail en Suisse! On sait que les personnes les plus touchées sont actives dans les branches les plus précaires où travaille une majorité de femmes comme le nettoyage, l’économie domestique ou encore l’hôtellerie-restauration. Nous savons que ce sont des sujets difficiles, mais il est de notre responsabilité de les dénoncer, de sensibiliser et de définir des revendications pour changer les choses. Il ne faut pas lâcher le morceau! D’ailleurs, la campagne appellera la Confédération à enfin ratifier la Convention 190 de l’OIT qui reconnaît le droit à un monde du travail exempt de violence et de harcèlement.