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La privatisation de Postfinance ne passe pas comme une lettre à la poste

Enseigne La Poste - Postfinance.
© Neil Labrador/archives

Envers et contre tout, le Conseil fédéral maintient son idée de séparer l’établissement financier du géant jaune

A quoi joue le Conseil fédéral? L’année passée, lors de la consultation sur la révision de la Loi sur l’organisation de La Poste, la privatisation partielle de Postfinance, envisagée par le gouvernement, avait été rejetée à une large majorité. Dirigé par l’ancienne conseillère aux Etats Christine Egerszegi, un groupe de travail a alors été formé afin d’élaborer des propositions concrètes pour le développement futur des services postaux et du trafic des paiements. Le 17 juin dernier encore, une motion de Martin Bäumle (PVL/ZH) optant pour un retrait progressif de la participation de la Confédération était rejetée par le Conseil national. Mais le 30 juin, le Conseil fédéral transmettait au Parlement un projet de privatisation complète de la banque postale, qui implique une séparation définitive du géant jaune. On s’attendait pourtant à ce que le gouvernement renonce à cette idée ou, au moins, attende la publication du rapport du groupe de travail. Eh bien, non.

Autant dire que le message du Conseil fédéral a été accueilli plutôt fraîchement, et pas seulement du côté de la gauche et des syndicats. L’Union suisse des arts et métier rejette ainsi «catégoriquement» le plan du Conseil fédéral. Devenue privée, Postfinance pourrait octroyer des crédits et des hypothèques et constituerait de fait un nouveau concurrent pour les acteurs du secteur financier. Les contribuables devraient, en outre, sortir 1,7 milliard de francs de leurs poches afin que la nouvelle banque dispose de fonds propres. Deux bonnes raisons d’indisposer la droite patronale. «La privatisation n’est pas susceptible de trouver une majorité», a indiqué le conseiller national Olivier Feller (PLR/VD), interrogé par les journaux de Tamedia.

Un référendum au besoin

Même si la réforme passait la rampe parlementaire, elle devrait encore affronter une votation populaire, l’Union syndicale suisse (USS) et Syndicom, le principal syndicat de La Poste, ayant annoncé le lancement d’un référendum. On imagine que les 2,7 millions de clients de Postfinance ne seront pas franchement enthousiasmés par la perspective d’une banque privée.

Postfinance offre aux entreprises et aux particuliers l’accès au trafic des paiements à des tarifs raisonnables. La privatisation de l’organisme ne menace pas seulement ce mandat, mais l’ensemble du service universel assumé par La Poste, mettent en garde les syndicats. «La Poste peut garantir une présence sur tout le territoire uniquement grâce aux synergies entre les prestations financières et postales», prévient David Roth, secrétaire central de Syndicom. Que deviendront en effet les offices de poste si l’un de ses principaux services disparaît? Des centaines d’offices postaux pourraient fermer, juge le syndicaliste.

Banque d’importance systémique avec 120 milliards de francs de patrimoine, Postfinance est l’un des principaux établissements financiers suisses, mais sa rentabilité à long terme serait menacée faute d’accès au marché des crédits. Pour résoudre ce problème et plutôt que de brader ce fleuron du service public au privé, la gauche et les syndicats demandent de lui offrir la marge de manœuvre d’une véritable banque en matière de crédits et d’hypothèques. A cette fin, la Confédération pourrait lui octroyer une garantie comme le font les cantons à l’égard des banques cantonales.

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