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La protection contre l'amiante se renforce

Carrossiers, menuisiers, ouvriers du bâtiment, cheminots, seront mieux protégés contre l'amiante grâce à une nouvelle directive

Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Depuis des années, les associations des victimes de l'amiante en Suisse réclament de nouvelles mesures pour préserver les travailleurs de l'amiante, fibre hautement toxique s'il en est. Cheminots, carrossiers, menuisiers, ouvriers du bâtiment sont encore aujourd'hui particulièrement affectés par des cancers et d'autres maladies liés à l'amiante. Manipuler ces matériaux - qui se trouvent autant dans des plaques de béton que des gaines d'isolation, en passant par des wagons, des fours et des freins de véhicules - expose directement les travailleurs à des risques inconsidérés. 80% de l'amiante utilisé en Suisse avant son interdiction en 1990 n'a pas encore été éliminé!

Procédures obligatoires
La Confédération a enfin réagi, sous la pression des associations et des syndicats, en adoptant une nouvelle directive précisant les mesures de protection à prendre et les modes de manipulation de ce matériau. Ce document de la Commission fédérale de coordination pour la sécurité au travail (CFST) est entré en vigueur au 1er janvier 2009. La directive renforce et précise les mesures obligatoires à prendre lors de tous travaux. Premièrement, en cas de présomption de présence d'amiante, l'employeur a désormais l'obligation d'évaluer les risques avant le début du chantier. En cas de découverte d'amiante pendant les travaux, ceux-ci doivent être interrompus, le maître d'ouvrage informé, une évaluation des risques rondement menée et des mesures de protection mises en place. Parfois, lors de grands travaux de désamiantage, l'intervention d'entreprises d'assainissement reconnues devra être mandatée avant la poursuite des travaux par les ouvriers du bâtiment.

Unia insiste sur la mise en œuvre
Unia se félicite de l'adoption de ces nouvelles règles: «Ce document précise toute une série de procédures à mettre en place et représente une extension de la protection légale des travailleurs», se réjouit Dario Mordasini, responsable de la santé et de la sécurité à Unia. Pour lui, tout va se jouer dans l'application de ces règles. Le syndicaliste se dit «prudemment» optimiste: «Grâce à cette directive, un saut qualitatif important dans le traitement des risques liés à l'amiante peut se produire car les coûts engendrés par les maladies causées par la fibre cancérigène sont énormes», explique-t-il. Aujourd'hui, le défi pour la Caisse nationale en cas d'accident (Suva) et les partenaires sociaux est de transmettre le contenu de la directive à l'ensemble des acteurs concernés. «Des fiches d'information par profession seront prochainement élaborées par la Suva. Car les risques pour un carreleur ne sont pas les mêmes que pour un couvreur ou un cheminot», continue le responsable. Le syndicat contribuera à diffuser ces fiches auprès des travailleurs. Celles-ci devront aussi servir dans les écoles professionnelles. Unia soutiendra également les ouvriers conscients des risques dans les cas où leur employeur ou leurs collègues rechigneraient à prendre des mesures. La tendance à la minimisation des risques pourrait être forte en raison des coûts importants engendrés par des mesures de protection spéciales.
Dans tous les cas, Unia appelle les travailleurs à être vigilants et à contacter le syndicat en cas de doute.

Christophe Koessler

La nouvelle directive sur l'amiante et sa présentation peuvent être téléchargées sur le lien: www.ekas.admin.ch/index-fr.php?frameset=17




Informer les ouvriers rentrés en Italie

Cela fait plusieurs années que le Comité d'aide aux victimes de l'amiante (Caova) réclame que les travailleurs rentrés dans leur pays après avoir œuvré dans la production d'amiante ou sur des chantiers à haute teneur en fibre toxique soient informés. D'une part, pour qu'ils soient mis au courant des risques qu'ils encourent et puissent être soignés à temps. D'autre part pour qu'ils soient indemnisés par la Suva. Jusqu'alors, le Caova n'avait reçu qu'une fin de non-recevoir de la part de la Suva, la Caisse nationale en cas d'accident, qui affirmait jusqu'alors que cela ne faisait pas partie de ses prérogatives. Sous la pression provoquée par le débat public autour de l'amiante, la Suva a commencé à réagir et a organisé deux tables rondes sur ce thème, avec son homologue italien, l'Institut national italien d'assurance contre les accidents (Inail), des syndicats suisses et italiens, des associations et des fédérations patronales. A issue de la seconde table ronde, qui a eu lieu en novembre 2008, deux résultats tangibles apparaissent. La Suva et l'Inail se sont engagés à signer une lettre d'intention dans le but de sensibiliser le corps médical italien (en particulier les médecins de famille et les docteurs spécialisés dans les maladies dues à l'amiante) sur les risques pris par certains immigrés rentrés au pays. Deuxième engagement: un groupe de travail (Task force) sera chargé d'informer directement les intéressés par différents canaux. Unia a déjà décidé de s'y engager. «Chaque année en Suisse, plus de 250 nouveaux cas de maladie professionnelle liés à l'amiante sont déclarés. En Italie, nous devrions pouvoir contacter plusieurs personnes par année...», indique Dario Mordasini d'Unia.

CK