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La Suisse au top des inégalités

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© Thierry Porchet

Les écarts de salaires les plus importants sont observés dans des pays comme les USA, le Royaume-Uni ou encore la Suisse qui sont des «temples du capitalisme» et où la gauche et les syndicats n’exercent qu’une influence relative.

En Suisse, un PDG est payé 152 fois plus qu’un travailleur touchant un revenu moyen. Comparaison internationale et commentaire

La Suisse occupe le 6erang mondial des pays les plus inégaux s’agissant des écarts de salaires entre un grand patron et un citoyen moyen. Elle se situe même au deuxième rang du classement des salaires des PDG établi par l’agence d’informations financières Bloomberg.

 

Aux Etats-Unis, un grand patron gagne 265 fois plus qu’un Américain moyen. Ce chiffre place ce pays en tête du classement des écarts de revenus dans vingt-deux pays. L’Inde occupe le deuxième rang avec une rémunération annuelle des dirigeants d’entreprises 229 fois supérieure au revenu moyen. Le Royaume-Uni, où un PDG est payé 201 fois plus que la moyenne, complète le podium du classement, publié à fin 2017. On trouve ensuite l’Afrique du Sud (180 fois plus), les Pays-Bas (171 fois) et la Suisse (152 fois). Celle-ci est suivie par le Canada (149 fois), l’Espagne (143 fois), l’Allemagne (136 fois) et la Chine (127 fois), alors que la France occupe le quinzième rang (70 fois plus) et que la Norvège (20 fois) ferme la marche.

PDG: moyenne suisse à 8,5 millions

Si l’on prend uniquement en compte les salaires des PDG, la hiérarchie est modifiée. Les Etats-Unis sont toujours en tête, avec un gain annuel moyen de 14,25 millions. La Suisse (8,5 millions) occupe le deuxième rang, devant les Pays-Bas (8,24 millions), le Royaume-Uni (7,95), le Canada (6,49) et l’Allemagne (6,17).

L’enquête de Bloomberg confirme un précédent classement réalisé en 2013. Les Etats-Unis étaient déjà le pays le plus inégalitaire, avec un revenu des grands patrons 354 fois plus élevé. Le Canada (206 fois plus) occupait alors le deuxième rang, devant la Suisse (148 fois), alors que la France (104 fois) pointait en septième position. Les pays nordiques affichaient un rapport plus égalitaire: Suède (89 fois plus), Norvège (58 fois) et Danemark (48 fois). 

La social-démocratie plus égalitaire

On peut tirer trois leçons de la lecture de ces chiffres:

• Les écarts les plus importants sont observés dans des pays – USA, Royaume-Uni, Suisse – qui sont des «temples du capitalisme», où la gauche et les syndicats n’exercent qu’une influence relative.

• L’apparition des pays émergents (Inde, Afrique du Sud, Chine) dans le peloton de tête des pays à forts écarts salariaux montre que la croissance ne suffit pas pour diminuer les inégalités.

• Ces écarts sont les plus faibles dans les pays scandinaves. Preuve que la social-démocratie nordique a joué un rôle moteur dans la construction d’une société plus harmonieuse.

Suisse, France: le public s’envole

Dans le public, les salaires des cadres supérieurs sont problématiques. En 2016, le directeur général de Swisscom a reçu 1,833 million de francs, celui des CFF 1,052 million, la directrice de La Poste 974 178 francs et le patron de PostFinance 809 985 francs. Or, un conseiller fédéral ne gagne «que» 445 000 francs par an.

Ce phénomène touche aussi la France. Selon un livre-enquête, Les intouchables d’Etat. Bienvenue en Macronie (Robert Laffont), du journaliste de L’Obs Vincent Jauvert, plus de 600 hauts fonctionnaires, diplomates et PDG d’entreprises publiques gagnaient, en 2012, plus de 150 000 euros net par année, soit plus que le président de la République! Parmi les plus gâtés, on trouve l’ambassadeur de France en Afghanistan (348 000 euros), le patron de la SNCF (450 000 euros, maximum autorisé) et l’ancien président de Sciences Po (537 000 euros)!

Pour un salaire maximal

Lorsque l’on sait que des centaines de milliers de familles n’arrivent pas à boucler les fins de mois, que la hausse des primes d’assurance maladie devient insupportable, de telles envolées ne sont pas acceptables. L’instauration de salaires minimaux dignes de ce nom fait partie des revendications du mouvement syndical. Aujourd’hui, celui-ci doit aussi se battre pour un salaire maximal, même si le Conseil des Etats a rejeté un plafond de 500 000 francs pour les dirigeants d’entreprises publiques. La Jeunesse socialiste suisse avait lancé l’initiative 1-12. Rejetée par le peuple le 24 novembre 2013, elle demandait que le salaire le plus haut ne puisse pas être 12 fois plus élevé que le plus bas. En France, l’ancien inspecteur du travail Gérard Filoche évoque un salaire maximal égal à vingt fois le SMIC. Mais peu importe les chiffres, ce qui compte, c’est de mettre en place un système salarial fondé sur un minimum d’humanité.

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