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La treizième rente, plus indispensable que jamais

Le 3 mars 2024, deux objets seulement seront au menu des votations fédérales. L’initiative populaire pour une 13e rente AVS de l’Union syndicale suisse (USS), d’une part, et, d’autre part, celle «Pour une prévoyance vieillesse sûre et pérenne» lancée par les Jeunes libéraux-radicaux. Ainsi en a décidé le Conseil fédéral dans sa séance du 25 octobre. Nous ne voterons donc pas sur l’initiative d’allégement des primes maladie du Parti socialiste, qui avait été pourtant déposée plus d’une année avant les deux autres initiatives. «Le PS a déjà dû remettre son texte pour le livret de votation à la Chancellerie fédérale, pendant ce temps, les personnes à l’origine de l’initiative sur la 13e rente AVS n’avaient pas encore été sollicitées pour le leur», dénonce le Parti socialiste dans un communiqué, en évoquant un «stratagème»: «Le Conseil fédéral triche avec les dates de votation pour influencer le résultat.» Le parti à la rose laisse entendre qu’en retardant cette votation sur les primes, l’objectif serait de faire oublier la forte augmentation des cotisations maladie en 2024 (de 8,7% en moyenne suisse).

La votation sur LPP 21, la réforme votée par le Parlement qui va diminuer nos revenus du 2e pilier, est aussi repoussée. Elle aurait sans doute donné des munitions à la treizième rente. La campagne de l’USS risque, en plus, d’être un peu parasitée par celle «Pour une prévoyance vieillesse sûre et pérenne». D’après ces jeunes (et moins jeunes) du PLR (et d’autres partis de droite et d’extrême droite qui soutiennent ce texte), l’AVS serait au bord de la faillite et il faudrait absolument faire passer l’âge de départ à la retraite à 66 ans pour tous et toutes d’ici à 2032. Puis, à partir de cette date, lier l’âge de référence à l’espérance de vie en reculant l’âge de la retraite d’un mois par an. En 2050, il faudrait ainsi bosser jusqu’à 67 ans et 7 mois! Il a été possible depuis le XIXe siècle de réduire constamment le temps que nous passons au travail, mais, à l’heure de la robotisation et de l’IA, des réacs voudraient nous faire trimer jusqu’à 107 ans! Quelle tristesse de constater que des jeunes peuvent être aussi âgés dans leurs têtes et avoir si peu de confiance en l’avenir… Bien sûr, ces idéologues de bonne famille ne connaissent pas la pénibilité de certains emplois, qui deviennent un calvaire passé un certain âge. Ils n’ont pas entendu parler de la difficulté à retrouver un poste quand on a 50 ans et plus. Ils pensent sans doute, comme disait l’autre, qu’il suffit de traverser la rue.

Puisqu’ils prétendent se faire du souci pour l’AVS, répondons-leur qu’elle se porte assez bien. Chaque année, elle accumule des excédents de l’ordre de 3 milliards de francs et sa fortune atteindra 67 milliards en 2030, soit 20 de plus qu’aujourd’hui. Mais il est vrai que l’AVS, dont la rente moyenne mensuelle est de 1800 francs, ne permet pas à de nombreux retraités, qui ne disposent pas d’un 2e pilier conséquent, de vivre correctement. C’est pourquoi les syndicats avaient lancé en 2020 cette initiative «Mieux vivre à la retraite», mais, entretemps, avec l’inflation, l’augmentation des primes maladie et des loyers, c’est l’équivalent d’une rente mensuelle que les retraités vont perdre. La 13e rente est devenue indispensable, elle arrive à point nommé.