L’agriculture toujours en dessous du salaire minimum
Le salaire minimum horaire genevois a été fixé à 23,27 francs pour 2022. Les secteurs de l’agriculture et de la floriculture restent des exceptions, au regret des syndicats
Le Conseil d’Etat genevois a récemment annoncé le montant du salaire minimum à Genève fixé pour 2022. Conformément aux mécanismes d’indexation prévus dans la loi, le montant légal sera de 23,27 francs par heure, contre 23,14 francs au 1er janvier 2021. L’application de ce montant étant mathématique, personne ne le conteste.
L'arrêté en question détermine également le salaire minimum dérogatoire pour les secteurs de l'agriculture et de la floriculture, à savoir 17,10 francs l’heure pour les deux secteurs, contre 17 francs en 2021 pour l’agriculture et 15,60 francs dans la floriculture. Le Conseil de surveillance du marché de l'emploi (CSME) persiste et signe, donc, en maintenant l’agriculture, ainsi que la floriculture, comme une exception à la règle du salaire minimum.
«La Chambre constitutionnelle de la Cour de justice a confirmé, dans son arrêt du 29 juin 2021, que le Conseil d’Etat pouvait adopter un salaire minimum dérogatoire applicable non seulement au secteur de l’agriculture, mais également de la floriculture, justifie le gouvernement dans son communiqué de presse. Après consultation, les entreprises floricultrices du canton de Genève se sont déclarées favorables à une uniformisation des conditions de travail du secteur de la floriculture avec les conditions minimales de travail prévues pour l’agriculture.»
La même Cour de justice soulignait fin octobre que l’intérêt public du salaire minimum consistait à «lutter contre la pauvreté et à offrir des conditions de vie décentes aux travailleurs à Genève, et cela chaque mois».
Montant insuffisant
Les syndicats genevois, qui réclament que les agriculteurs soient soumis au salaire minimum cantonal, n’auront pas eu gain de cause. «La floriculture n’est légalement pas concernée par cette exception, commente Joël Varone, de la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS). Il y a donc un vrai problème. Et quand bien même, ce montant de 17,10 francs horaire est largement insatisfaisant. Nous attendons toujours une réelle revalorisation des salaires dans ces secteurs.» Des discussions devraient s’ouvrir prochainement pour des éventuels changements en 2023.
L’autre bataille syndicale sera de négocier la revalorisation des salaires des contrats-types de travail (CTT) à Genève. En effet, à la suite de l’entrée en vigueur du salaire minimum, les travailleurs de la vente, de l’esthétique, de l’économie domestique et du transport de marchandises pour le compte de tiers ont vu leur salaire augmenter, mais aujourd’hui, qu’ils soient diplômés ou non, qu’ils aient de l’expérience, ou non, la plupart gagne la même chose. «Il y a une uniformisation des salaires et nous souhaitons rétablir des grilles salariales avec des écarts minimaux en fonction de l’expérience et de la formation professionnelle. Le Conseil d’Etat n’a pas fermé la porte, mais rien ne sera effectif avant juin 2022», conclut le syndicaliste.