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«Le Conseil fédéral doit aller plus vite»

Personne malade.
© Neil Labrador

En quelques jours, la réalité a fait bouger bien des barrières idéologiques, estiment les syndicats qui réclament la garantie du paiement des salaires par le biais du chômage technique ou de soutiens ciblés.

Face à la crise du coronavirus, les autorités fédérales ont annoncé une série de mesures, qui, si elles vont dans le bon sens, restent insuffisantes aux yeux des syndicats

Rarement, une conférence de presse du Conseil fédéral n’aura autant été attendue. Presque autant qu’un nouvel épisode de Game of Thrones… c’est dire. Outre l’annonce de mesures sanitaires, le gouvernement a présenté vendredi un plan d’aide visant à amortir l’impact économique et social de la crise du coronavirus. «Notre objectif premier est de sécuriser le versement des salaires», a dit Guy Parmelin. Le conseiller fédéral a chargé le Secrétariat à l’économie d’étudier cette semaine la possibilité d’étendre le droit au chômage partiel aux employés en contrat à durée déterminée et aux travailleurs temporaires. Le délai d’attente de ce chômage technique est d’ores et déjà abaissé de trois à un jour. Sur le plan économique, les autorités fédérales offrent 580 millions de francs de crédits aux PME en difficulté et vont évaluer d’ici au 1er avril la possibilité d’accorder jusqu’à 1 milliard de soutien aux entreprises touchées. Une contribution à fonds perdus de 50 millions est aussi prévue pour les organisations de manifestations culturelles et sportives.

Couvrir précaires et indépendants

«Il est positif que le Conseil fédéral prenne des mesures, non seulement pour préserver la santé de la population, mais aussi, pour garantir les salaires et empêcher les licenciements. Il a repris différents éléments que nous avons revendiqués. Tout n’est cependant pas au point. En plus des salariés en contrat à durée déterminée et des temporaires, nous demandons que le droit au chômage technique soit aussi étendu aux employés payés à l’heure. Ils sont nombreux par exemple dans l’hôtellerie-restauration, avec des taux souvent élevés qui sont pour certains des pleins temps», réagit à chaud la présidente d’Unia, Vania Alleva.

«En quelques jours, la réalité a fait bouger bien des barrières idéologiques. Une bonne partie de ce qui est annoncé par le Conseil fédéral, nous le demandions il y a seulement une semaine. Nous continuons toutefois de penser qu’il existe un problème pour les salariés précaires et les indépendants. Ce que nous demandons, c’est que toutes les activités soient correctement couvertes et que le paiement des salaires soit garanti, que cela soit par le biais du chômage technique ou de soutiens ciblés», souligne, de son côté, le président de l’Union syndicale suisse (USS), Pierre-Yves Maillard.

APG pour les parents

«En ce qui concerne la fermeture des écoles et des crèches, nous voulons obtenir l’assurance que les parents qui n’ont pas de solution de garde et sont forcés de rester à la maison obtiennent le versement de leur salaire et ne risquent pas un licenciement», ajoute Vania Alleva. Même si les employeurs ont l’obligation de verser les salaires, l’USS suggère d’indemniser les absences découlant de la garde d’enfants par les allocations pour perte de gains (APG). Le système pourrait être utilisé de la même manière pour la veille des malades.

Unia pense aussi aux chômeurs de plus de 50 ans. Le syndicat invite le Conseil fédéral à prolonger de 200 jours la durée d’indemnisation pour cette catégorie afin que les demandeurs d’emploi âgés ne se retrouvent pas massivement en fin de droit.

Fonds de crise à 4 milliards

«Il faut également préparer un plan conjoncturel, qui pourrait mettre l’accent sur la reconversion écologique, car les investissements et le pouvoir d’achat vont diminuer dans les mois qui viennent», prévient Pierre-Yves Maillard. Il faut relever que le Conseil fédéral s’est livré à une petite opération de communication en évoquant durant sa conférence ces «10 milliards pour l’économie». En réalité, sur ce montant, 8 milliards sont mis à disposition par le fond de l’assurance chômage. Le soutien à l’économie se monte pour le moment à moins de 2 milliards. C’est insuffisant pour Unia, qui propose la création d’un fonds de crise d’au moins 1% de la masse salariale, soit 4 milliards. Pour le syndicat, les entreprises qui voudraient y puiser devraient s’engager à ne prononcer aucun licenciement. «Un programme en faveur des branches particulièrement touchées est indispensable», insiste Vania Alleva. «Le Conseil fédéral doit aller plus vite, c’est maintenant que des salariés perdent leur emploi!»

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