Coup de grâce. Après plusieurs semaines d’intenses mobilisations en France contre la réforme des retraites, le gouvernement a commis l’irréparable le 16 mars. Alors que le texte devait être soumis au vote des députés de l’Assemblée nationale, la Première ministre Elisabeth Borne a décidé de passer en force en recourant – hélas! – au bien connu 49.3. L’article constitutionnel, déjà activé à dix reprises par la ministre depuis 2022, permet tout simplement de faire adopter un projet de loi sans vote. Ni plus ni moins qu’un déni de la démocratie et de ses institutions. Les membres du gouvernement avaient pourtant écarté l’option du 49.3 dans les médias, mais une fois n’est pas coutume, ils ont menti. Face à cette réforme complètement impopulaire rejetée par environ 70% des Français, et n’étant pas sûrs d’avoir la majorité à l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron et ses disciples ont jugé plus prudent d’activer le rouleau compresseur. En réalité, ce passage en force n’est rien d’autre qu’un aveu de faiblesse.
La violence appelle la violence. Dans un climat social déjà plus que tendu, le gouvernement a mis le feu aux poudres. Les manifestations, jusqu’ici pacifiques, ont dégénéré le soir même. Le lendemain, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur dénonçait la «bordélisation» des manifestations. En résumé, vous avez le droit d’être en colère, mais merci de ne pas faire de vagues. Monsieur Macron, qui sème le vent récolte la tempête. Face à cette arrogance gouvernementale, cette toute-puissance assumée et ce mépris du peuple, il n’est pas étonnant que les Français rétorquent violemment. A quoi s’attendaient-ils? Une autre réforme aurait été possible, en augmentant par exemple les cotisations plutôt que l’âge de départ à la retraite, mais le gouvernement a choisi de faire la sourde oreille, une fois de plus. Tant sur le fond que sur la forme, rien ne va dans cette nouvelle loi. A la crise sociale s’ajoute une crise politique laissant entrevoir une crise économique, car les grèves et les blocages vont sans aucun doute s’intensifier dans les jours à venir.
Tous les mêmes, tous des pourris. Voilà le (res)sentiment qu’alimentera cette réforme des retraites. Et qui sera le grand vainqueur de cet échec social? Le Rassemblement national, et sa cheffe de file, Marine Le Pen, qui se frotte déjà les mains, promettant qu’avec elle, présidente, la retraite à 64 ans serait balayée sur-le-champ, car, elle, présidente, n’irait jamais à l’encontre de la volonté populaire. L’extrême droite n’a jamais été aussi proche du pouvoir en France. C’est regrettable, anxiogène et dangereux, mais c’est le retour de bâton d’une politique autoritaire qui nie le peuple, et le réprime quand il se rebelle. Bonne chance au roi, euh pardon, au président Macron pour gouverner pendant les quatre années qui lui restent. Et je conclurai en citant une pancarte vue dans une manif: «Macron, prends ta retraite, pas la nôtre!»