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Le monde ouvrier solidaire

Partout dans le monde, comme ici à Lausanne le 19 octobre dernier, des manifestations massives de solidarité avec le peuple palestinien se déroulent pour exiger l’arrêt du massacre.
© Olivier Vogelsang

Partout dans le monde, comme ici à Lausanne le 19 octobre dernier, des manifestations massives de solidarité avec le peuple palestinien se déroulent pour exiger l’arrêt du massacre.

Quel rôle les syndicats à l’échelle internationale ont-ils à jouer dans le conflit israélo-palestinien? Des travailleurs du monde entier s’organisent pour tenter de faire bouger les choses

Après la trêve de sept jours qui a eu lieu fin novembre, les bombardements et les combats ont repris dans le conflit qui oppose Israël au Hamas à Gaza. A ce jour, on dénombre plus de 17000 morts côté palestinien, quasi tous des civils, et pour la grande majorité, des femmes et des enfants. Des centaines de morts sont à déplorer également côté israélien, et des dizaines d’otages. Aux quatre coins du monde, des voix de tous les horizons se sont élevées pour appeler au cessez-le-feu.

Dans ce contexte, la coordination syndicale Workers in Palestine, composée de dizaines de syndicats palestiniens rassemblant travailleurs agricoles, pharmaciens ou encore enseignants, a interpellé mi-octobre l’ensemble du monde syndical et ouvrier dans un message poignant: «Nous lançons cet appel alors que nous constatons des tentatives visant à interdire et à réduire au silence toute forme de solidarité avec le peuple palestinien. Nous vous demandons de vous exprimer et d’agir face à l’injustice, comme les syndicats l’ont fait historiquement. Nous sommes convaincus que la lutte pour la justice et la libération de la Palestine n’est pas seulement une lutte déterminée à l’échelle régionale mais également mondiale.»

Blocages

Le traditionnel internationalisme de la classe ouvrière, qui a toujours su porter sa voix au cours de l’histoire pour s’opposer aux dictatures ou aux injustices, lors de l’Italie de Mussolini, l’apartheid sud-africain ou encore la récente guerre en Ukraine, est-il encore d’actualité?

Il semblerait que oui. Depuis début octobre, des syndicats du monde entier tentent d’empêcher les livraisons d’armes vers Israël. Des grèves et des actions ont été organisées, notamment dans la production et le transport de matériel militaire destiné à Israël. C’est le cas des dockers des ports de Barcelone, de Gênes, d’Oakland, de Tacoma (USA), de Melbourne ou encore de Toronto, qui ont réussi à bloquer l’envoi de marchandises. Il y a aussi eu une mobilisation des travailleurs du transport en Belgique et des blocages dans une fabrique d’armement israélienne en Angleterre.

En Espagne, de nombreuses organisations syndicales, mais aussi des collectifs de gauche, exigent de leur gouvernement une rupture urgente de toutes les relations diplomatiques et économiques avec Israël.

Limites

Dans un article du journal en ligne français Rapports de force, un docker et syndicaliste génois explique: «Nous avons des camarades qui surveillent les navires et peuvent voir s’il y a des armes à bord. Nous avons toujours été solidaires des peuples qui luttent pour l’autodétermination, et la question palestinienne fait partie de ces luttes. Nous sommes des travailleurs internationalistes et c’est pourquoi nous voulons nous battre pour essayer de changer les choses.»

Certes, ces initiatives à elles seules ne suffiront pas à enrayer le conflit, car le plus gros exportateur d’armes reste les Etats-Unis. Mais elles ont le mérite d’interroger les pays exportateurs d’armes sur leur rôle et leur potentielle complicité dans cette guerre. On évoque aujourd’hui des «crimes de guerre», on parle également de «génocide», des qualifications qui seront précisées après les différentes enquêtes internationales menées.

L’USS appelle à la paix à Gaza

Lors de son assemblée des délégués du 1er décembre, l’Union syndicale suisse (USS) a pris position sur le conflit israélo-palestinien dans une résolution. Cette dernière condamne tout aussi fermement les attaques terroristes du 7 octobre menées par le Hamas que la «réaction disproportionnée de l’armée israélienne, qui multiplie depuis lors les frappes aériennes sur la bande de Gaza». Pour la faîtière syndicale, il est urgent de rapidement mettre un terme à cette crise. «La population civile palestinienne, qui vit depuis des années déjà sous la dictature brutale du régime du Hamas tout en subissant un blocus inacceptable exercé par Israël, est désormais exposée à des bombardements continus et, faute de soins médicaux, le bilan humain s’alourdit chaque jour.»

Elle appelle donc à un cessez-le-feu et à la création immédiate de corridors humanitaires vers la bande de Gaza. Les syndicats exigent par ailleurs la libération inconditionnelle de tous les otages israéliens, le désarmement du Hamas sous l’égide de la communauté internationale et le transfert de la bande de Gaza sous un gouvernement palestinien démocratique et respectueux de l’Etat de droit. «De son côté, le Gouvernement israélien devra respecter ses obligations découlant du droit international et mettre en œuvre les décisions de l’ONU. Dans cet esprit, le Conseil fédéral s’engagera en faveur d’une paix durable dans la région.»

Protégeons les travailleurs

L’USS exprime également toute sa solidarité avec les travailleurs sur place, qui continuent à œuvrer pour assurer les services fondamentaux à la population et exige, de fait, leur protection. «A ce jour, de nombreux travailleurs humanitaires ont déjà payé de leur vie leur engagement humanitaire. De nombreux journalistes ont également été tués à Gaza depuis le début de la guerre. Nous demandons la protection de celles et ceux qui continuent de travailler dans les services publics, les soins, l’eau et l’énergie, l’éducation et d’autres secteurs clés.»

DEBAT

Solidarité avec le peuple palestinien

Le 15 décembre, Genève accueillera des intervenants de taille lors d’une soirée débat pour parler de la situation à Gaza et de la solidarité internationaliste avec le peuple palestinien. Le Français Olivier Besancenot, porte-parole du NPA, sera présent, aux côtés de Soha Bechara, militante du Collectif Urgence Palestine et ex-détenue de la prison israélienne de Khiam. Sahar Mohammad Khaled, militante féministe, syndicaliste et coordinatrice de la section Femmes du syndicat PWSU (Palestinian Workers Struggle Union), interviendra également en direct depuis la Cisjordanie. Enfin, Joseph Daher, militant de Solidarités et universitaire, sera de la partie.

Dans le contexte actuel de guerre, qui se traduit par des bombardements meurtriers et un blocus qui prive les Palestiniens d’eau, de nourriture et de médicaments, la solidarité est plus nécessaire que jamais. Comment agir? Les organisateurs invitent chacune et chacun à participer à cette soirée pour en débattre.

Infos pratiques: vendredi 15 décembre, à 19h, Maison internationale des associations, salle Gandhi, rue des Savoises 15, à Genève.


MANIFESTATIONS

Pour le cessez-le-feu immédiat!

Face à l’escalade de la guerre et aux atrocités commises à l’encontre des populations civiles, des manifestations de solidarité et des actions pour la paix se dérouleront cette fin de semaine dans plusieurs villes de Suisse. Parmi elles:

Jeudi 14 décembre à 18h à Genève: Rassemblement pour une paix juste en Israël/Palestine, à la place des Nations. Y participeront Ruth Dreifuss, ancienne conseillère fédérale; Ayman Nasrallah, activiste palestino-suisse pour la paix; et Yossi Zabari, activiste israélien pour la paix, acteur et poète. Organisée par une pluralité d’associations, dont l’Institut des cultures arabes et méditerranéennes (Icam), la manifestation exige notamment un cessez-le-feu immédiat et un arrêt des violences de masse, la libération de tous les otages israéliens, celle des prisonniers palestiniens détenus arbitrairement, l’octroi d’aide humanitaire et l’arrêt des ventes d’armes dans la région. Chacun est invité à venir avec une bougie.

Samedi 16 décembre à 14h à Yverdon: Manifestation au départ de la place des Droits de l’homme (carrefour rue des Remparts – rue du Casino). Mise sur pied par Solidarité et écologie, le Parti socialiste yverdonnois, le POP et les Verts, cette démonstration demande un cessez-le-feu immédiat à Gaza avec retrait des troupes israéliennes, la libération des otages israéliens et la libération des Palestiniens enfermés arbitrairement.

Samedi 16 décembre à 16h à Genève: Grande manifestation en solidarité avec le peuple palestinien au Parc des Cropettes. Organisée par le mouvement BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël), cette mobilisation exige le cessez-le-feu immédiat et l’arrêt du génocide à Gaza.

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