Coach en activités physiques et adaptées, Laetitia Marchand Aymon travaille essentiellement avec des personnes atteintes du cancer. Plus qu’un métier, une vocation
Le mouvement comme source d’équilibre. Voilà le mantra de Laetitia Marchand Aymon, 50 ans, habitant Crans-Montana en Valais. Cette infirmière et coach diplômée en activités physiques et adaptées propose des programmes personnalisés à des adultes et des enfants frappés par le cancer et formant 80% de sa clientèle. Elle les aide à se reconnecter à leur corps et à prendre soin d'eux-mêmes; à anticiper ou à rompre le cercle vicieux du déconditionnement physique et psychosocial. «Je travaille sur le maintien des forces musculaires et de l’endurance. Plus vite on agit après le diagnostic, meilleurs sont les résultats pour contrer les risques de pertes musculaires provoquées par les traitements», poursuit la professionnelle, précisant que la démarche n’inclut aucune notion de performance. «Chaque mouvement, chaque pas compte. Les 95% des personnes atteintes d’un cancer éprouvent de la fatigue qui ne disparaît pas avec le repos. En revanche, si elles bougent, elles se sentiront mieux», affirme la spécialiste, titulaire d’un master en exercice, sport, santé et handicap, qui n’a eu de cesse d’élargir ses connaissances.
Du sur-mesure
Laetitia Marchand Aymon a ainsi consacré plusieurs années de sa vie à effectuer des études et de la recherche sur l’impact de l’activité physique adaptée (APA) en particulier pour les enfants souffrant de maux chroniques. Un parcours mêlant empirisme et terrain qui l’a conduite ensuite à enseigner à l’Université de Genève les fondamentaux de l’APA ou encore à participer à la création d’un master dans le domaine pour cette institution et celle de Lausanne. Aujourd’hui, la jeune cinquantenaire, également titulaire d'un master en PNL, donne encore une formation et des conférences ponctuelles et collabore avec les hôpitaux du Valais et les HUG dans la ville du bout du lac. Mais son activité principale se tourne vers les bénéficiaires de ses prestations dont une majorité de femmes souffrant du cancer du sein. Dans ce contexte, la campagne Octobre rose destinée à sensibiliser les femmes au dépistage de cette maladie prend tout son sens. La coach regrette cependant que d’autres types de cancers ne fassent pas l’objet d’une même attention. Son accompagnement, Laetitia Marchand Aymon le propose directement au domicile des malades ou organise des séances en plein air. Il lui arrive aussi d’intervenir sur leur lieu de travail. «J’emmène du matériel léger, mais avec lequel on peut faire beaucoup», précise la thérapeute, insistant sur l’importance de trouver, même pour les plus rétifs à l’activité physique, des moyens afin qu’ils éprouvent du plaisir. «Je fais du sur-mesure. Parler permet aussi de détourner au besoin la notion de l’effort.» L’accompagnement, intensif, dure généralement trois à quatre mois – mais il est possible de le prolonger. A la fin de la période, Laetitia Marchand Aymon s’assure que les participants ont un projet pérenne, soulignant une nouvelle fois les bienfaits de la démarche.
Sport et méditation
Si l’activité physique se situe au cœur du travail de Laetitia Marchand Aymon, la coach joue aussi très souvent le rôle de confidente. A l’écoute de moments de tristesse, de colère, de découragement... «C’est parfois difficile. Des liens se créent. J’ai perdu des patients en route. En tant qu’indépendante, je n’ai pas de débriefing. Mais j’ai des contacts avec des oncologues. Ma formation d’infirmière m’a aussi donné des outils pour faire face à ces situations.» La thérapeute recourt également à la méditation et bien sûr au sport – course, ski de randonnée, vélo, etc. – pour faire le vide. «L’exercice fait partie intégrante de mon hygiène de vie depuis l’enfance. Maman a toujours beaucoup marché. Je me déplaçais à vélo. Le sport et la musique ont rythmé ma jeunesse», raconte celle qui a appris la flûte traversière, un instrument qu’elle a néanmoins abandonné, alors qu’elle n’imagine pas renoncer à bouger, «au minimum trois fois par semaine». Comme elle a également besoin d’espaces de silence, de solitude, pour se ressourcer. Essentiel dans l’existence de Laetitia Marchand Aymon, le mouvement s’exprime aussi dans le plaisir que cette femme, mariée et mère d’un adolescent de 14 ans, ressent à voyager et à découvrir de nouvelles cultures. Elle n’a ainsi pas hésité à suivre son époux à Londres, à Hong Kong ou encore à Tokyo, métropoles où elle a vécu plusieurs années. La capitale japonaise l’a particulièrement séduite. «Au Japon, on est surpris chaque jour, on sort de sa zone de confort. C’est une société très codifiée, mais on croise aussi bien des personnes portant le costard, que d’autres en habit de mangas ou en kimono. On apprend la tolérance, l’absence de jugement.»
Prendre soin de soi
De nature curieuse, battante et résolument optimiste, créative, Laetitia Marchand Aymon lie le bonheur au sentiment d’aimer et d’être aimé. «Je suis heureuse», lance-t-elle sans hésiter, estimant la vie trop belle et courte pour se la gâcher. Parmi les personnes qu’elle admire, elle cite Mère Teresa, touchée par son engagement humanitaire. «Une sœur et une femme remarquable», souligne cette catholique, aussi inspirée par le bouddhisme, croyant aux énergies, et qui confie prier «pour se connecter, s’ancrer dans quelque chose de plus grand». Au chapitre des loisirs, Laetitia Marchand Aymon mentionne son intérêt pour l’art, les concerts de musique classique ou encore le ballet, alors que mer et rochers, ou le ciel, contemplé à l’ombre d’un séquoia, constituent des tableaux propres à émouvoir cette hypersensible. Qui, en guise de mot de la fin, invite chaque personne à «s’autoriser à prendre soin de soi, à ne pas s’oublier». Une proposition encore révélatrice de la personnalité empathique de Laetitia Marchand Aymon, elle qui voue son existence à épauler les autres, à les amener à s’occuper d’eux, à les écouter et toujours avec un souci constant de bien faire...