Une dizaine de travailleuses, et quelques résidentes, se sont rassemblées aux Pâquis pour exiger plus de personnel ainsi qu’une reconnaissance de leur métier
«Je travaille avec des personnes, pas dans un abattoir»: la pancarte donne le ton. En ce matin du 14 juin, une petite dizaine de femmes étaient présentes aux Pâquis, soutenues par Unia, pour dénoncer leurs conditions de travail dans les EMS, mais aussi le manque de reconnaissance. Elles sont aides-soignantes, femmes de chambre ou encore employées de cafétéria, travaillent dans les résidences de Notre-Dame, Plantamour et du Petit-Saconnex. Quelques-unes sont grévistes, d’autres ont travaillé plus tôt et la plupart sont en congé. «Cela a été très compliqué de convaincre nos collègues de venir, elles ont peur», confie l’une d’elles.
La liste des griefs est longue pour ces travailleuses, souvent précaires, en grande souffrance. «On se sent exploitées, nous travaillons toujours en sous-effectif et nous ne sommes jamais écoutées», dénonce Cristina*, aide-soignante, qui dit avoir été traitée de «Bac -4» par ses supérieurs. «Nous avons de moins en moins de moyens et, à l’inverse, on nous en demande toujours plus.»
Ce que ces «femmes à tout faire» revendiquent est clair: plus de personnel et que leur travail soit enfin valorisé. «Nous exigeons plus de considération, souligne Coralie*. Cela passe par le salaire mais aussi par la reconnaissance de nos compétences et notre capacité à obtenir des postes à responsabilités.» Elles veulent aussi plus de temps, une revendication amplement partagée par les résidents. «Le matin, nous avons 16 minutes pour faire la toilette à chaque patient: c’est impossible! On nous demande de travailler comme des robots mais la qualité des soins en pâtit. Nos résidents disent qu’on les stresse, mais on ne peut pas faire autrement. Ils mériteraient qu’on fasse moins de paperasse et de ménage et qu’on soit plus disponibles pour les accompagner.» A la Maison de retraite du Petit-Saconnex, elles sont quatre aides-soignantes pour 28 résidents, et deux femmes de chambre sur la matinée. «Quand j’ai commencé il y a plus de vingt ans, il y avait assez de personnel sur le terrain, se rappelle une femme de chambre. Maintenant, il est dans les bureaux!»
Ce qu’elles attendent de ce 14 juin? «Que les choses bougent, afin d’assurer un meilleur avenir pour nos filles», répond une employée. «Que l’on travaille avec le cœur, pas en pensant à l’argent», lance une autre. Et enfin, «que la société n’oublie pas qu’on compte autant que les hommes». En somme, de l’argent, du temps et du respect.
*Prénoms d’emprunt.