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Les maçons cimentent leurs revendications

Un mur érigé devant les locaux de la SSE et des drapeaux Unia.
© Unia

C’est armés de truelles, de briques et de mortier que les maçons d’Unia ont exprimé leur mécontentement face au blocage des entrepreneurs sur les négociations salariales. Ils ont érigé un mur devant les locaux bernois de la SSE pour illustrer la pénibilité de leur travail.

Réunis en conférence professionnelle, les maçons ont adopté une série de revendications en vue du renouvellement de la Convention nationale du secteur principal de la construction

Plus de protection en matière de santé, des journées de travail moins longues et des règles claires en cas d’intempéries: quelque 130 maçons ont participé le 27 novembre dernier à la Conférence professionnelle de la construction d’Unia à Berne. A cette occasion, ils ont débattu de leurs conditions de travail et de l’avenir dans le secteur. La pression du temps et des délais a largement été évoquée et, partant, les risques qu’elle induit sur la santé et la sécurité des salariés. Les discussions se sont déroulées sur fond de renouvellement de la Convention nationale (CN). L’accord arrivera en effet à échéance à la fin de l’année prochaine. Dans ce contexte, l’assemblée a adopté une série de revendications. Et entend bien les faire valoir durant les prochaines négociations qui débuteront fin février. Les demandes formulées résultent d’un vote organisé par le syndicat sur les chantiers au cours des mois passés, auquel ont participé plus de 15000 travailleurs de la branche. «Environ un maçon sur cinq a ainsi exprimé son opinion», chiffre Nico Lutz, responsable du secteur construction d’Unia. Une manière de déterminer de façon démocratique les besoins des intéressés.

Non au vol d’heures

En tête de liste des exigences figure la question des intempéries. Les maçons réclament l’établissement de critères clairs à ce propos et le paiement des heures non travaillées en cas de suspension d’activité. «Aujourd’hui, ils doivent les compenser avec des heures supplémentaires ou sur leur temps libre», dénonce le collaborateur d’Unia, soulignant au passage l’importance de reporter les délais quand les aléas météorologiques freinent l’avancée des travaux. La réduction de la journée de travail a aussi réuni une majorité des suffrages. «Les journées dans la construction sont longues et fatigantes, surtout en été. Les salariés demandent qu’elles n’excèdent pas 8h30 durant cette saison au lieu des 9 heures actuellement.» L’assemblée s’est également prononcée sur la question du paiement des déplacements. «La première demi-heure n’est aujourd’hui pas rémunérée. Le temps de déplacement doit être entièrement payé, à compter du moment où les employés commencent les chargements. La journée de travail doit par ailleurs être d’autant raccourcie que les distances sont importantes. Les maçons disent clairement non au vol d’heures non comptabilisées des trajets et lors d’intempéries.» Autre revendication adoptée par les participants: une meilleure protection des travailleurs âgés. «A ce propos, les maçons exigent une prolongation des délais de résiliation de contrat et le versement d’indemnités.» Enfin, ils demandent une pause supplémentaire payée et davantage de vacances: six semaines jusqu’à 50 ans et sept passé cet âge. «L’introduction de cette dernière revendication pourrait se faire progressivement, sur plusieurs années», précise Nico Lutz.

Attitude de blocage dénoncée

Les conditions de travail des salariés de la construction – soumis au stress, à la pression des délais, à des journées interminables en comptant les heures supplémentaires, le temps des trajets, etc. – influent directement sur la relève. «Le nombre d’apprentis qui choisissent ce métier a presque diminué de moitié durant les dix dernières années. Un maçon sur deux quitte prématurément la profession; un sur six au cours des cinq premières années», note en substance Unia, attirant encore l’attention sur la pénurie programmée de contremaîtres. Pour le Parlement des maçons, les problèmes sont connus et pourraient être empoignés. Dans ce sens, le renouvellement de la CN constitue une chance. «Mais il faut alors un changement de mentalité chez les entrepreneurs.» Un commentaire directement lié au refus de la Société suisse des entrepreneurs (SSE), malgré des carnets de commandes pleins, d’entrer en matière sur la demande de revalorisation des salaires. Une exigence qui reviendra sur le tapis. «La SSE n’a même pas fait d’offre. Une semaine après l’échec des négociations, elle a menacé publiquement d’instaurer un vide conventionnel et d’abolir la CN.» Cette démonstration de force des tenants de la ligne dure chez les employeurs ne profite ni aux salariés, ni aux entreprises responsables, estime Unia. Une attitude de blocage qui a suscité l’indignation des délégués. Au terme de la Conférence, ces derniers ont érigé un mur devant les bureaux de la SSE à Berne pour manifester symboliquement leur désapprobation et illustrer leur dur labeur...

Les contremaîtres aussi en lutte

Du côté des contremaîtres, les négociations salariales se poursuivent. Alors que leur convention collective de travail (CCT), dite Convention des cadres de la construction, arrivera elle aussi à échéance à la fin de l’année prochaine. Comme pour les maçons, Unia les a questionnés sur leurs principales revendications. Celles-ci portent sur l’abandon des heures de travail gratuites, soit la suppression du temps de préparation non payé qui est ancré dans l’accord; la revalorisation des salaires minimums jugés loin des réalités actuelles et enfin l’extension du champ d’application de la CCT, limitée aujourd’hui aux entreprises relevant de la Société suisse des entrepreneurs et aux membres des syndicats.

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