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Les plâtriers-peintres jurassiens et alémaniques exigent de meilleures conditions de travail

Les partenaires sociaux de la branche ont six mois pour se mettre d’accord sur une nouvelle convention. Focus sur les revendications des travailleurs.

Les négociations pour la nouvelle Convention collective de travail (CCT) de la plâtrerie-peinture de Suisse alémanique, du Tessin et du Jura* ont démarré le 16 septembre. 

Munie de 2100 signatures, une pétition a été remise aux employeurs le 21 septembre, jour de la grande manifestation salariale à Berne. Les 15500 travailleurs de la branche ont plusieurs revendications pour cette nouvelle convention qui doit entrer en vigueur en avril 2025. Ils exigent d’abord de meilleurs salaires (compensation du renchérissement et rattrapage depuis 2021), davantage de vacances (à l’image de la CCT du second œuvre romand: 25 jours dès 20 ans et 30 jours dès 50 ans), mais aussi le paiement des temps de déplacement et une meilleure protection contre les licenciements pour les travailleurs dès 55 ans et les militants syndicaux. Ils refusent par ailleurs que le travail du samedi devienne la règle. Enfin, ils demandent que les apprentis du secteur soient assujettis à la CCT et qu’ils touchent un treizième salaire, afin d’attirer les jeunes vers la profession. En effet, ils sont plus d’un tiers à quitter leur formation en cours de route et, cette année encore, de nombreuses places d’apprentissage ne seront pas pourvues…

Branche boudée

Les syndicats Unia et Syna, présents aux négociations, insistent sur l’urgence d’agir. «Les conditions de travail dans la branche se dégradent du fait du surmenage chronique et de la pression croissante des délais, estime Unia. Sans oublier la guerre des prix que se livrent les entreprises. En conséquence, toujours plus de peintres et de plâtriers quittent leur métier, et la pression sur les salariés restants s'accroît.»

La recrudescence des accidents professionnels et des absences pour maladie est aussi une réalité. «Ces conditions de travail déplorables engendrent une pénurie de main-d'œuvre que les employeurs cherchent à pallier en recourant toujours plus aux intérimaires», s’indignent les syndicats. 

Discussions difficiles

Bruna Campanello, membre du comité directeur d’Unia et par ailleurs responsable de cette CCT et de la délégation syndicale, rapporte que les négociations sont très difficiles. «Lors des deux premières rencontres, les employeurs ont exigé une augmentation de la durée maximale de travail hebdomadaire de 48 à 50 heures. Ils voulaient en outre supprimer complètement de la CCT la limitation déjà faible du travail du samedi et cimenter le travail régulier du samedi sans supplément. Ils exigent donc une semaine de 6 jours!» C’est encore loin d’être gagné, mais d’autres discussions sont agendées ces prochaines semaines. 

* Dans les autres cantons francophones que le Jura et Berne, c’est la CCT du second œuvre romand qui s’applique pour la plâtrerie-peinture. 

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