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«Les travailleurs réalisant la transition énergétique doivent en profiter»

Manifestation des électros en 2018.
© Lucas Dubuis/Unia

En 2018, la détermination des électros exprimée à Zurich lors de leur manifestation jusqu’au siège de l’association patronale a porté ses fruits et permis des améliorations conséquentes de la CCT. Cette année, ils seront accompagnés par les techniciens du bâtiment.

Les électriciens et les salariés de la technique du bâtiment méritent une reconnaissance de leurs qualifications et de bonnes conditions de travail, explique Aldo Ferrari. Interview

Les négociations pour le renouvellement des Conventions collectives de travail (CCT) de l’électricité et de la technique du bâtiment se sont ouvertes. Soutenus par Unia, les salariés de ces deux branches vont manifester le 7 octobre en début d’après-midi à Zurich. Les explications d’Aldo Ferrari, coresponsable du secteur arts et métiers du syndicat.


Pourquoi cette manifestation des électriciens et des salariés de la technique du bâtiment? Et pourquoi une mobilisation commune de ces deux branches?

Les CCT de ces deux branches arrivent à échéance en même temps et elles sont toutes deux affectées par la transition énergétique, c’est-à-dire qu’elles connaissent une explosion du volume de travail provoquée par la demande d’installation de pompes à chaleur et de panneaux photovoltaïques, avec pour corollaire un manque de personnel qualifié. La manifestation a lieu à Zurich parce que s’y trouve le siège des deux associations faîtières patronales avec lesquelles nous sommes en négociations, EIT.swiss et Suissetec. Il s’agit d’une décision militante, ensemble on est plus forts.

Les travailleurs ne profitent-ils pas de la bonne conjoncture de ces branches?

Nous pouvons dire qu’ils n’en profitent pas dans la mesure où ils le devraient… Mais dans le cadre du renouvellement conventionnel, nous voulons obtenir une reconnaissance des qualifications de ces salariés et de bonnes conditions de travail. Cela passe par une véritable revalorisation des salaires. L’acceptation de la Loi climat va garantir des carnets de commandes pleins aux entreprises pour les dix prochaines années. Les travailleurs qui sont au front pour réaliser la transition énergétique doivent en profiter.

Quelles sont les revendications des travailleurs?

Ce sont de bons salaires, une retraite anticipée, des conditions de travail dignes et du temps. Du temps pour faire du bon travail et pouvoir concilier le métier avec la vie privée. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de pressions, de plus en plus de travail et il y a de moins en moins de monde pour le faire. De bonnes conditions de travail vont attirer du monde, réduire la pression et permettre de faire face à la demande de main-d’œuvre qui manque énormément dans ces métiers-là.

Aldo Ferrari.
En 2018, Aldo Ferrari s’était adressé aux manifestants à l’issue du cortège. © Lucas Dubuis/Unia

 

Comment se sont déroulées les premières séances de négociations?

Les négociations ont débuté plus ou moins bien… Nous sommes confrontés à une exigence de flexibilisation du travail. Les employeurs se rendent bien compte qu’ils manquent de personnel et ils pensent pouvoir y répondre par la flexibilisation et l’augmentation du temps de travail. Nous sommes d’avis que, si un aménagement du temps de travail doit avoir lieu, il doit être réalisé d’abord dans l’intérêt des salariés. Des jeunes, par exemple, sont intéressés à travailler à temps partiel. Et si des heures supplémentaires doivent être effectuées, le travailleur doit pouvoir décider quand elles sont compensées et pas seulement quand ça arrange le patron ou le client.

Cette manifestation est-elle importante dans le cadre de ces négociations? Les travailleurs doivent-ils se mobiliser?

Les travailleurs se mobilisent, nous avons une très bonne organisation de militants, nous avons énormément de retours dans les régions, les deux pétitions que nous avons lancées sont très bien accueillies, il y a un réel engagement des salariés qui sont conscients de l’enjeu pour les quatre prochaines années de ces renouvellements conventionnels. Pour certains d’entre eux, les CCT définiront leur salaire à la sortie de l’apprentissage et, pour d’autres, qui travaillent depuis de longues années sur les chantiers à un rythme de plus en plus effréné, la nécessité s’impose d’obtenir une retraite anticipée. Cette disposition existe dans l’Arc lémanique et au Tessin pour la technique du bâtiment, mais pas dans les autres cantons.

Je souligne que les travailleurs tiennent, si je puis dire, le couteau par le manche compte tenu de ce besoin de main-d’œuvre grandissant. Il faut que les employeurs comprennent qu’on ne peut pas continuer à augmenter les volumes de travail, les quantités d’heures réalisées sans, en contrepartie, accepter des mesures qui attirent les salariés et permettent de réduire ces heures supplémentaires. On ne peut pas durant toute une vie faire 45 à 50 heures par semaine, il doit y avoir des périodes de récupération. Cet aménagement du temps de travail doit être négocié, les salariés doivent pouvoir décider de leur organisation du travail, bénéficier de respect et de chantiers dignes. Alors oui, c’est une mobilisation importante. Nous avions réalisé une très belle mobilisation il y a cinq ans avec les électriciens, qui a porté ses fruits, nous avons obtenu d’excellentes améliorations de la CCT. Ces améliorations doivent se poursuivre et les collègues de la technique ont également besoin de progrès conséquents. Il faut bouger, c’est pour l’avenir, c’est pour les collègues qui ont passé des années sur les chantiers, mais aussi pour les jeunes travailleurs qui viendront ensuite. C’est pour cela qu’ils et elles vont affluer des quatre coins de la Suisse pour le faire savoir le 7 octobre à Zurich.

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