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Les vendeuses toucheront au moins 4000 francs

Depuis le 1erjanvier dernier, à défaut d’une Convention collective de travail, le personnel de vente genevois, y compris celui des kiosques à journaux, bénéficie d’un nouveau contrat-type prévoyant un salaire minimal de 4000 francs. 
© Neil Labrador

Depuis le 1erjanvier dernier, à défaut d’une Convention collective de travail, le personnel de vente genevois, y compris celui des kiosques à journaux, bénéficie d’un nouveau contrat-type prévoyant un salaire minimal de 4000 francs. 

 

A Genève, le nouveau contrat-type de travail prévoit, entre autres, l'augmentation des salaires minimaux et l'obligation de l'assurance perte de gains. Unia se dit satisfait

Enfin une bonne nouvelle pour le commerce de détail genevois. Alors que le dialogue entre les partenaires sociaux est rompu et qu'aucune nouvelle Convention collective de travail (CCT) est à l'ordre du jour, la Chambre des relations collectives de travail (CRCT) a édicté un nouveau contrat-type (CTT), entré en vigueur le 1erjanvier dernier. Dans les détails, il prévoit, comme le demandaient les syndicats, une indexation des salaires minimaux de 1,7%, faisant passer le salaire des employés non qualifiés à 4007 francs par mois au lieu de 3940 francs; à 4108,70 francs au lieu de 4040 francs pour les salariés sans qualification mais au bénéfice de cinq ans d'expérience; et à 4271,40 francs pour les vendeurs dotés d'un CFC avec cinq ans d'expérience, au lieu de 4200 francs jusqu'ici. «C'est la première fois à Genève qu'on a un salaire minimal de 4000 francs dans la vente, et ce, alors qu'on vit une situation inédite de blocage au niveau du partenariat social», se réjouit Pablo Guscetti, secrétaire syndical à Unia.

Ce n'est pas tout. A présent, l'assurance perte de gain est rendue obligatoire, sauf dérogation écrite. De même, le champ d'application du nouveau CTT, qui succède à celui de juillet 2017, s'élargit et englobe désormais les kiosques à journaux.

«L'an passé, nous étions très déçus de la décision de la CRCT, réagit le syndicaliste. Cette fois, la Chambre a corrigé le tir, et nous sommes satisfaits du résultat. Alors qu'en 2017, la CRCT n'avait donné aucune réponse sur l'assurance perte de gain et l'intégration des kiosques, cette année, nos revendications syndicales ont été prises en compte et c'est une bonne chose.» Comment expliquer ce revirement de situation? «La CRCT a pu constater les violations répétées dans la branche en matière de salaires minimaux.»

Et la CCT?

Les négociations en vue d'une nouvelle CCT sont toujours au point mort. Pour bref rappel, les Genevois avaient voté en 2016 pour une ouverture des magasins trois dimanches par an à condition que les syndicats et les employeurs négocient une CCT de force obligatoire dans le commerce de détail. N'arrivant pas à se mettre d'accord, une CCT a été négociée avec la Société des employés de commerce (SEC) – un «syndicat fantôme» selon Unia – qui n'a pas pu entrer en vigueur faute de représentativité. C’est en raison du vide conventionnel et de la sous-enchère faisant rage dans le secteur que le CTT a été renouvelé. 

«Lors de notre dernière rencontre sous l'égide du conseiller d'Etat Mauro Poggia, ce dernier nous a demandé de lui envoyer nos suggestions de modifications sur la base de la CCT négociée avec la SEC, ce que nous avons fait, rapporte Pablo Guscetti. La réponse des patrons a été plutôt glaciale, ces derniers estimant que nos revendications étaient trop exagérées.» Les syndicats attendent une nouvelle convocation.

 

L'OCIRT dans le viseur d'Unia

Fin décembre, le magasin Manor à Genève a obtenu l'aval de l'Office cantonal de l'inspection des relations de travail (OCIRT) pour faire une entorse à la Loi sur le travail et, ainsi, employer une partie de son personnel le dimanche 23 décembre. Une demande justifiée par l'impossibilité de préparer les produits frais plus de 24 heures à l'avance en vue des importantes commandes du 24 décembre. «Manor avait tout le loisir d'engager des auxiliaires supplémentaires pour cette période chargée, selon Unia. L'absence de planification ou d'effectifs ne saurait en tous les cas justifier qu'un office cantonal accorde de telles dérogations.» Alors que la période des fêtes de fin d'année est particulièrement chargée pour le personnel de vente, déjà soumis à des horaires à rallonge, Unia a déposé un recours auprès de la Cour de justice contre cette décision. Les collaborateurs n'ont donc pas travaillé le 23 décembre. Malgré tout, la levée de l'effet suspensif par le Tribunal a permis à Manor d'embaucher une vingtaine d'employés le dimanche 30 décembre. Le magasin n'était cependant pas ouvert à la clientèle. «La demande de Manor ne nous surprend pas, réagit Audrey Schmid, responsable du tertiaire à Unia Genève. Ce que nous condamnons, c'est la décision prise par l'OCIRT, qui a octroyé une dérogation à la va-vite sur une demande imprécise et très peu détaillée. Les dérogations à la Ltr sont rares, et celle-ci n'est pas légalement justifiée. Au-delà du problème juridique, il y a un manque de sensibilité politique.» 

A l’heure où nous mettions sous presse, lundi 14 janvier, Unia était convoqué par le Tribunal dans le cadre de son recours déposé contre l’OCIRT. «Le mal a déjà été fait, mais si nous gagnons, nous serons mieux armés si le cas venait à se reproduire», relève encore la syndicaliste. MT

 

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