Témoignages
La retraite à 65 ans, c’est NON!
Laurence, employée chez Jaeger-LeCoultre depuis 11 ans.
«Je suis ici très égoïstement (rires), car je suis proche de l’âge de la retraite et je ne veux pas d’un départ à 65 ans. Je pense aussi à celles qui restent, et aller déjà jusqu’à 64 ans est très pénible. Nous voulons partir le plus tôt possible! Avoir des employés de 67 ans sur un poste de travail en production, ce n’est pas du tout efficace… Plus généralement, je pense que nous devons nous battre pour de meilleurs salaires en général, dans l’horlogerie, et pour les femmes.»
Cindy, horlogère.
«J’ai encore 30 ans de travail devant moi, mais je pense déjà à la problématique des retraites, et je me mobilise aujourd’hui, car ces projets qui veulent nous faire bosser jusqu’à 65, voire 67 ans, c’est juste pas possible. On n’a pas envie de mourir au travail! Il est aussi urgent que les femmes soient plus valorisées dans les entreprises.»
Sylvie et Sylvie, employées chez Travys, société de transports du Nord vaudois.
«C’est la première fois que nous participons à une action du 14 juin, on nous a invitées et nous avons trouvé ça très sympa et très bien organisé. Nous avons la chance de ne pas être concernées mais nous revendiquons l’égalité salariale partout: les inégalités dans l’industrie (plus de 21%) sont impressionnantes. Et puis surtout, nous sommes contre la hausse de l’âge de la retraite pour les femmes. Il faudrait qu’il baisse pour tout le monde, les hommes et les femmes. Est-ce que nous nous mobiliserons le 14 juin 2023? Justement, on en discutait, et on se disait qu’on allait prendre congé pour pouvoir y participer: on mettra un homme au boulot à notre place!»
Claudette et Erika, retraitées, vallée de Joux.
«C’était naturel pour nous de venir à cette action. La retraite à 65 ans, c’est inadmissible et révoltant. Les femmes ont toujours été sous-estimées, au travail et à la maison. Plus le temps avance et plus... c’est toujours la même chose!
Voir des femmes travailler à 100% qui n’arrivent pas à s’en sortir, c’est scandaleux. Moi (Erika, ancienne horlogère et militante Unia depuis 1968, ndlr), j’ai travaillé 48 ans à plein temps, et je ne touche même pas l’AVS complète.
Certes, les jeunes papas s’investissent plus qu’à notre époque, et c’est une bonne chose, mais ce n’est pas encore totalement au point…
C’est fort possible qu’on soit dans la rue le 14 juin prochain, ici ou à Lausanne. En 1991, je (Erika) n’ai pas pu me permettre de faire la grève, car j’avais trop besoin d’argent, mais j’ai mis balais, serpillière et pancarte sur mon balcon pour participer à ma manière. En 2019, j’étais là, et je serai là dans un an!»
Propos recueillis par Manon Todesco