Alors que la situation se détend sur le front du Covid, nombre de défis cruciaux attendent l’humanité. La pandémie a exacerbé les inégalités et creusé plus profondément encore le gouffre séparant les nantis des pauvres. Avec des milliardaires qui ont doublé leur fortune au cours de ces deux dernières années et des nécessiteux affrontant une misère encore plus noire. La crise sanitaire a frappé et frappe encore nettement plus violemment les populations défavorisées. D’abord, dans le domaine de la santé, avec un accès aux vaccins et aux soins pour le moins limité, en particulier en Afrique – conséquence notamment de l’égoïsme des nations les mieux loties et de la cupidité des pharmas. Ensuite, dans celui de l’emploi, privant de tout revenu, au gré de la propagation des infections et des restrictions et des confinements imposés, d’innombrables travailleuses et travailleurs ne bénéficiant d’aucun filet social. Pour faire court, l’Organisation internationale du travail (OIT) estime que le Covid-19 a engendré la crise la plus grave enregistrée par le monde du travail depuis la Grande Dépression des années 1930. Dans ce contexte, elle organise la semaine prochaine un Forum virtuel mondial «pour une reprise centrée sur l’humain», réunissant des chefs d’Etat, des responsables d’organisations internationales et de banques multilatérales de développement, des dirigeants d’entreprises et des travailleurs du monde entier. Son intitulé ambitieux mettra à l’épreuve la capacité des grands de ce monde et d’une économie toute-puissante à changer de paradigme. A favoriser un partage des richesses et la concrétisation d’une protection sociale faisant défaut à 4 milliards de personnes. A investir dans la création de postes de travail décents – 400 millions d’emplois visés – au détriment d’une course effrénée aux profits ne servant les intérêts que de quelques poignées d’individus. A défendre une véritable transition écologique au risque, évalue l’Organisation des Nations Unies (ONU), de mettre en péril 1,2 milliard d’emplois, soit 40% de la population active mondiale... Bref, à jouer la carte de l’inclusion, de la durabilité, de la solidarité et de la coopération multilatérale et tripartite. Vaste programme promu par l’OIT et l’ONU. Reste à savoir s’il accouchera d’une énième souris.
Si, de son côté et en comparaison internationale, la Suisse laisse bien moins de plumes dans cette pandémie, elle n’a pas été épargnée pour autant. Et en matière de mortalité et au regard des dégâts économiques et sociaux qui s’avèrent aussi considérables. Comme sur l’ensemble de la planète, les personnes à faibles et moyens revenus paient le plus lourd tribut à la crise. Selon une étude scientifique récemment rapportée par le SonntagsBlick, l’augmentation des décès en 2020, par rapport à 2019, a en outre été plus importante dans la population étrangère qu’helvétique, jusqu’à 6 à 10 fois plus fréquents selon l’âge. Dans ce cas encore, la situation financière et sociale en serait l’origine: cols bleus dans l’impossibilité de faire du télétravail, logements exigus, dépendances aux transports publics... Quoi qu’il en soit, la relance doit désormais bénéficier à l’ensemble de la société. Favoriser la classe laborieuse dont les salaires continuent de stagner alors que les exigences et les délais la soumettent chaque jour à davantage de pression. Alors que les attaques contre le droit du travail et les temps de repos se multiplient sans oublier la baisse des rentes et la scandaleuse hausse de l’âge de la retraite des femmes. Une offensive qui a déjà fait l’objet, samedi dernier, de la mobilisation d’une large alliance. Une première bataille parmi les luttes indispensables à mener pour que l’humain arrache enfin la place qui devrait naturellement lui être dévolue, mettant sa dignité au centre et dans le respect et la préservation de la nature.