«Stop à la hausse!» à Neuchâtel
C’est à Neuchâtel que l’assurance maladie pèse le plus dans le budget des ménages. D’après les chiffres de l’Office fédéral de la statistique, les primes équivalaient en moyenne à 19% du revenu disponible dans le canton en 2019, contre 14% au niveau national. Et c’est à Neuchâtel que les primes ont le plus augmenté cette année, de 9,5%. Le Parti libéral-radical a annoncé vouloir s’attaquer au problème au travers d’une initiative augmentant le montant déductible des impôts. La mesure bénéficierait surtout aux contribuables aisés et ne résoudra pas le problème pour les salariés modestes. Plus efficace est l’initiative récemment lancée par le Parti socialiste, «Primes maladie: stop à la hausse!», qui transpose au niveau cantonal l’initiative du PSS avec un plafond à 10% du revenu disponible.
EFAS, un cadeau aux assureurs et aux cliniques privées
Les primes maladie pourraient augmenter encore plus fortement au travers du Financement uniforme des prestations ambulatoires et stationnaires (EFAS, acronyme d’Einheitliche Finanzierung ambulant und stationär). Traînant dans les arcanes du Parlement depuis 2009, ce projet qui renforce les intérêts des assurances maladie et des hôpitaux privés a été ressuscité par la Commission de la sécurité sociale et de santé publique du Conseil national. Pour résumer, les quelque 11 milliards de francs que dépensent aujourd’hui les cantons pour les hôpitaux seraient purement transférés aux assurances maladie. Charge à elles de répartir cette manne de manière uniforme sur le plan national. Le pouvoir de pilotage des assureurs privés augmenterait donc considérablement au détriment des cantons. Ceux-ci pourraient certes consulter les factures, mais la commission ne veut pas qu’ils puissent refuser de les prendre en charge à certaines conditions. Les assureurs ne seraient pas les seuls gagnants, les cliniques privées aussi, avec une révision à la hausse de leur indemnisation et un financement plus large de l’assurance de base. Les 75% des frais de traitement des hôpitaux privés pourraient désormais être pris en charge par la LAMaL, contre 45% aujourd’hui. Quant aux assurés, ils devraient voir leurs primes augmenter avec l’évolution des coûts hospitaliers, alors que cette participation est aujourd’hui plafonnée. La commission a toutefois décidé de réexaminer ses décisions lors d’une prochaine séance. L’Union syndicale suisse dénonce un «cadeau incompréhensible aux hôpitaux privés et au lobby des assurances» et appelle la commission à «revoir sérieusement sa copie».