Le Secrétariat d’Etat à l’économie a lancé une campagne d’information sur la traite des êtres humains aux fins d’exploitation du travail. Précisions
Exploitation du travail, exploitation sexuelle, trafic d’organes: le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) a lancé le mois dernier une campagne d’information sur la problématique de la traite des êtres humains. Cette dernière a débuté avec la diffusion d’une brochure explicative en ligne (voir ici) destinée aux inspecteurs et aux surveillants du marché du travail. Elle sera poursuivie par différents événements menés avec des partenaires sociaux et des ONG actives dans la lutte contre ce fléau. «Notre objectif? Sensibiliser le public cible à la thématique et leur donner les bons outils», précise Valérie Berset Bircher, ambassadrice et cheffe des affaires internationales du travail au Seco. Selon les statistiques policières de la criminalité, annonce le Secrétariat, 99 cas d’infractions relatives à la traite des êtres humains dans ces différentes formes ont été enregistrés l’an dernier – soit 14 victimes de plus qu’en 2018. Un nombre qui ne reflète toutefois probablement pas la réalité, le phénomène, condamnable pénalement, étant par essence caché. Rappelons que ce dernier consiste à recruter ou à faire commerce d’individus à des fins d’abus. Les auteurs trompent et menacent leurs victimes ou emploient la violence physique ou psychique pour les forcer à fournir un travail. En d’autres termes, ces dernières sont considérées comme des marchandises et contraintes.
Différents secteurs concernés
«Le plus souvent, les personnes touchées sont déjà dans une situation de vulnérabilité. Cette vulnérabilité peut être due, par exemple, à une situation économique difficile ou à un statut de séjour irrégulier», souligne la collaboratrice du Seco. Les victimes méconnaissent l’environnement local où elles opèrent et ignorent le plus souvent la langue. Leur provenance? Ces années précédentes, de 2013 à 2018, elles sont essentiellement venues de Thaïlande, Hongrie, Roumanie, Chine et Bulgarie. «L’importance relative de ces différents pays d’origine peut varier d’une année à l’autre. Dans le domaine de l’exploitation au travail, on peut supposer, sur la base des cas recensés jusqu’à présent, que les personnes originaires d’Europe de l’Est ou d’Asie et celles sans résidence régulière en Suisse sont les premières concernées.»
L’exploitation au travail s’exprime de plusieurs manières: salaires de misère, horaires excessifs, mépris des normes sécuritaires. Selon une enquête réalisée pour le compte de Fedpol en 2016 par le Forum suisse pour l’étude des migrations et de la population de l’Université de Neuchâtel, les principaux secteurs économiques à risque dans nos frontières concernent la construction, l’hôtellerie-restauration, le travail domestique, l’agriculture et certaines activités illégales (commission de délits forcée, mendicité contrainte organisée).
Liste d’indicateurs
Pour aider les inspecteurs à identifier les personnes potentiellement prises dans les filets de ce trafic humain, le Seco fournit dans sa brochure des instruments pratiques, dont une série d’indicateurs: séjour illégal, absence de pièces d’identité, de contrat de travail, isolement, violences, surveillance, menaces, etc. Le document détaille, en cas de suspicion, les étapes à suivre et donne les informations juridiques nécessaires aux dénonciations auprès des autorités compétentes. Il comprend aussi une liste de centres d’aide aux victimes (voir ci-dessous). «Il est important de gagner leur confiance afin qu’elles rendent compte des conditions de travail et des autres faits qui indiquent une exploitation», mentionne encore l’ambassadrice. A noter également que toute personne subissant en Suisse une atteinte à son intégrité corporelle, psychique ou sexuelle a droit à des conseils et à un soutien indépendamment de son statut de séjour ou de sa nationalité.
La campagne du Seco se déroulera cette année et la suivante. De par ses obligations internationales, la Suisse a le devoir de prendre des mesures pour lutter contre le travail forcé et la traite des êtres humains.