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Lymo n’a pas la cote auprès des taxis

Une manifestation de taxis dans les rues de Genève.
©Thierry Porchet/Archives

Nouvel acteur annoncé sur le marché des taxis genevois. Après Uber et consorts, Lymo lance entre en scène et laissera aux chauffeurs la liberté de fixer les tarifs. Risques encore accrus de prix cassés et, partant, d’une concurrence déloyale.

La nouvelle plateforme genevoise propose de regrouper chauffeurs de taxi et VTC, qui pourront fixer eux-mêmes le prix des courses. Une concurrence déloyale que dénonce Unia

Après Uber et consorts, le dernier-né Lymo est sur le point de lancer son application sur le marché genevois. Le diffuseur de courses innove par rapport à ses concurrents dans le sens où il entend réunir sur une même plateforme les chauffeurs de taxi traditionnels et les VTC (Véhicules de tourisme avec chauffeur). Autre condition inédite: ils pourront fixer eux-mêmes leur prix parmi une grille de dix classes tarifaires différentes. Par exemple, profiter d’un secteur géographique où la demande est forte pour gonfler la note, ou au contraire, revoir ses exigences à la baisse en périphérie pour ne pas rentrer à vide. Enfin, contrairement à Uber, qui prélève une commission de plus de 25% sur chaque course, la start-up genevoise retiendra seulement 35 francs par semaine.

Ce nouveau modèle inquiète Unia. Sur le fond déjà. «Les prix sont établis sur la base de critères bien définis, explique Umberto Bandiera, en charge des Transports pour toute la Suisse romande. Si on laisse aux chauffeurs la liberté de fixer leur prix, on perd le cadre de ce marché et on va vers une anarchie totale de ce service où régnera la concurrence déloyale.» Mohammed Gharbi, du Collectif des taxis genevois, n’aime pas cette idée non plus, à l’image des chauffeurs qu’il représente. «Chauffeurs de taxi et de VTC ont le même métier et la même clientèle, mais pas les mêmes qualifications ni les mêmes exigences. Le risque est que les VTC se mettent d’accord et baissent les prix de manière générale. En tant que taxis, nous avons des charges à verser, nous vivons, consommons à Genève et nous ne pouvons pas nous contenter de 2000 francs par mois pour vivre!» Pour ce dernier, impossible de mettre les deux catégories dans le même panier.

PLR en coulisses

Sur la forme maintenant. Et notamment la présence du conseiller national PLR Christian Lüscher parmi les administrateurs de Lymo. «Le rôle du PLR dans ces plateformes de diffusion de courses et dans le démantèlement des conditions-cadres dans le secteur n’est plus à prouver, commente Umberto Bandiera. C’est très inquiétant de voir des élus financer et développer des outils qui portent atteinte à la cohésion sociale du canton. A mon avis, s’afficher derrière Lymo est une très grande maladresse de sa part.»

Pour Mohammed Gharbi, si Lymo s’installe, tout comme n’importe quel diffuseur de courses, il se doit de respecter la loi. «Le problème, reprend Umberto Bandiera, est de savoir qui va vérifier si les chauffeurs sont vraiment indépendants...»

En même temps, nos interlocuteurs ne croient pas vraiment en Lymo, qui ne compte pour l’heure qu’une dizaine de chauffeurs. «Une vingtaine de diffuseurs de courses ont essayé de percer à Genève, mais peu y sont parvenus, le monopole étant détenu par Taxiphone et Uber», conclut le porte-parole des taxis.

Les taxis ont confiance en Mauro Poggia

L’arrivée d’Uber à Genève a eu l’effet d’une bombe dans le monde des taxis. «Ils auraient pu faire les choses dans les règles et se soumettre aux lois existantes, mais non», regrette Mohammed Gharbi. Résultat: prix cassés, concurrence déloyale, non-respect des conditions de travail ni des lois en vigueur, la liste est longue. «Ce qui nous a fait mal, c’est le lobbying politique qu’a exercé Uber: bizarrement, dans les quatre cantons où l’on retrouve Uber (Genève, Vaud, Zurich et Bâle) et où les lois existantes ont été changées, le dossier était chapeauté par un élu PLR. Cette société ne reverse pas un centime à la Suisse et on se plie à son diktat, c’est incroyable!» Le représentant des chauffeurs de taxi salue l’intervention du chef en charge de l’Emploi, Mauro Poggia, contre les techniques d’Uber. «Si Uber ne respecte pas les lois, il devra partir! Nous attendons maintenant les actes, mais nous avons confiance en lui.» D’après Umberto Bandiera, les différents services sont en train de se coordonner pour avancer sur le sujet: «C’est sur la bonne voie.» Dans l’intervalle, Mohammed Gharbi se réjouit de voir la clientèle revenir petit à petit: «Certains clients se sont fait avoir, et d’autres préfèrent consommer citoyen. On survit malgré la crise!»

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