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On n'a pas envie de péjorer notre vie de famille

Le comité vente d'Unia Neuchâtel se mobilise sontre le projet porté par la droite d'ouvrir les commerces un second dimanche

La loi neuchâteloise sur les horaires des commerces prévoit une ouverture dominicale annuelle. Sans consulter les partenaires sociaux, des députés libéraux-radicaux proposent un dimanche supplémentaire.

Sus à une seconde ouverture dominicale des magasins! Le comité vente d'Unia Neuchâtel est remonté contre le projet porté par des députés libéraux-radicaux. «La manière de faire est très crasse», s'emporte David Taillard, responsable du secteur tertiaire d'Unia Neuchâtel. «Tout le monde sait que les horaires sont discutés par les partenaires sociaux et, quelques semaines après le renouvellement de la Convention collective de travail (CCT) neuchâteloise du commerce de détail, on apprend ça!» Cette CCT avait été conclue par les partenaires sociaux et acceptée en votation en 2013 en échange d'une extension des horaires des magasins et d'une ouverture un dimanche par année. Un seul dimanche, pas deux. «La droite a attendu qu'on termine les négociations. C'est scandaleux de faire un coup pareil. Surtout lorsque l'on sait que l'un des députés phares du PLR est secrétaire du groupement des grands magasins...»
Ce projet de modification de la loi cantonale sur les heures d'ouverture des commerces devrait être débattu par le Grand Conseil lors de sa séance du 27 mars. En commission, élus de droite et de gauche se sont retrouvés divisés à égalité sur la proposition. «On a le soutien de l'ensemble de la gauche, mais, avec une voix de majorité seulement, il suffit d'un seul absent pour que ça passe», s'inquiète le secrétaire syndical. Le comité vente a décidé d'ici au 27 mars de contacter quelques députés de partis bourgeois, «moins à droite que les autres», pour leur faire entendre raison. Le Conseil d'Etat invite également le législatif à laisser cette question en mains des partenaires sociaux.

«Ça ne sert à rien»
Le projet passe d'autant plus mal aux yeux des militants du comité vente, rencontrés la semaine dernière, que les conditions de travail dans les magasins ont tendance à se dégrader. «On a réduit nos effectifs de moitié en quelques mois en conservant la même charge de travail, c'est l'horreur», témoigne Danielle. «En ce moment, c'est juste le chiffre d'affaires qui compte, il n'y a aucune vision à long terme», déplore Nicolas. «Beaucoup n'ont pas compris que, pour qu'un magasin marche, il faut que les employés soient en forme et bien dans leur peau, si on est stressé, surmené et qu'on fait la tête, les clients fuient.»
«Nous n'avons pas envie de péjorer notre vie de famille pour gagner 50% de plus pendant cinq heures», explique Danielle. Surtout qu'une ouverture dominicale supplémentaire est jugée stérile face à la concurrence du commerce électronique et des magasins de France voisine. «Si des gens vont faire leurs courses en France, c'est en raison des prix et non des horaires», relève la secrétaire syndicale Céline Dupraz. «Des clients me disent parfois que nos articles sont moins chers en France, je réponds que oui, mais que je suis mieux payée que les vendeurs français», s'amuse Pascale. Pour cette gérante, c'est certain, «l'ouverture le dimanche, ça ne sert à rien». Si l'on en croit la presse cantonale, la dernière ouverture dominicale, le 17 décembre, pourtant à la veille des fêtes de fin d'année, n'a ainsi pas rencontré le succès. Ce dimanche ne valait pas un samedi pour les grandes surfaces, tandis que les petits commerces des centres-villes désertés ont attendu en vain des clients.
Le comité vente a aussi décidé de monter au Château le 27 mars* pour donner de la voix. Mais si, malgré tout, la modification de la loi devait être votée, «il est évident que nous lancerions un référendum», prévient David Taillard.

Jérôme Béguin


* Rendez-vous mardi 27 mars devant le Grand Conseil à 13h.