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Non aux ouvertures dominicales sans compensation!

deux syndicalistes d'unia Genève du tertiaire en conférence de presse
© Neil Labrador

Pablo Guscetti, secrétaire syndical, et Audrey Schmid, responsable du tertiaire chez Unia, ont rappelé, lors de la conférence de presse l’importance de pouvoir négocier, dans le cadre d’une CCT, de vraies compensations pour le travail dominical.

Alors que le Grand Conseil genevois vient d’adopter un projet de loi permettant l’ouverture de trois dimanches par an sans négocier de convention collective, un référendum se prépare

Le peuple genevois s’était pourtant prononcé en 2016: oui à l’ouverture de trois dimanches par an en plus du 31 décembre, à condition qu’une convention collective de travail (CCT) étendue soit négociée dans le secteur pour protéger ses employés. Le 20 juin 2018, le dialogue entre les partenaires sociaux étant totalement rompu et aucune CCT n’ayant été négociée, le Parti libéral-radical (PLR) a déposé un projet de loi afin de contourner ce compromis et de rendre effectives ces ouvertures des magasins. Adopté le 21 septembre par l’ensemble des députés de droite, ce PL12372, qualifié d’expérimental car expirant au 31 décembre 2019, propose de modifier la Loi sur les heures d’ouverture des magasins (LHOM) et de permettre l’ouverture de trois dimanches par an jusqu’à 17h afin de «mesurer les effets positifs et négatifs (…), notamment en termes de chiffres d’affaires et d’emplois». Pour Unia, ce n’est ni plus ni moins qu’une remise en cause de la volonté populaire. «C’est complètement absurde, relève Audrey Schmid, secrétaire syndicale responsable du tertiaire chez Unia. Ouvrir trois dimanches par an était déjà possible légalement, il suffisait que les patrons acceptent de revenir à la table des négociations et qu’une nouvelle CCT soit conclue.»

Référendum imminent

Lors d’une récente conférence de presse, Unia lançait un appel aux associations patronales pour qu’elles reviennent autour de la table et que le dialogue soit renoué. «Au lieu de faire un projet de loi expérimental, faisons une CCT expérimentale, lançait Pablo Guscetti, secrétaire syndical. Essayons, pour voir si cela peut marcher!»

Pour rappel, aujourd’hui, le commerce de détail fait face à un vide conventionnel. Seuls les salaires minimums sont garantis au niveau du canton par un contrat-type de travail. La dernière CCT en date a été dénoncée par les syndicats en juin 2016 car jugée décevante et insuffisante. «Nous avions invité toutes les parties à se réunir pour réfléchir à une nouvelle convention, explique le syndicaliste. En vain.» De son côté, Unia souhaitait, entre autres, réintroduire l’interdiction du travail sur appel, instaurer l’annonce des plannings trois semaines à l’avance ou encore les jours de congé fixes. Des revendications davantage en faveur de la conciliation entre vie privée et professionnelle que salariales. Mais en septembre 2017, coup de tonnerre dans le secteur, les employeurs annoncent avoir négocié une nouvelle CCT avec la Société des employés de commerce (SEC), un syndicat ultraminoritaire.

Malgré une lettre ouverte envoyée aux associations patronales et un appel à la mobilisation des députés du Grand Conseil contre ce projet de loi, Unia n’a pas pu empêcher son approbation. «La question des compensations reste fondamentale, insiste Audrey Schmid, qui dénonce ce passage en force. La Communauté genevoise d’action syndicale ainsi que les partis de l’Alternative lanceront très prochainement un référendum.»

Témoignages

 

«Pas de travail du dimanche sans compensation!»

«Ce débat sur l’ouverture du dimanche qui revient sans cesse commence à être lourd. Je ne suis pas particulièrement contre, mais j’exige des compensations en retour. C’est ma vie familiale qui va être impactée: mon mari travaillant dans la restauration, il n’y a que le dimanche que je peux partager avec lui. C’est donc un sacrifice supplémentaire, et il n’est pas question de le faire sans rien en échange.

Là où je travaille, à 100%, il est courant qu’on nous annonce au dernier moment qu’on devra travailler la semaine complète, six jours sur sept, et sans nous demander notre avis. Dans ces conditions, je suis certaine que le soi-disant principe de volontariat pour le travail du dimanche ne sera pas respecté. Ce sera des jours de travail imposés. D’ailleurs, le 31 décembre, tout le personnel, hormis ceux qui étaient en vacances, a été réquisitionné.»

Vanessa*, vendeuse dans un magasin de décoration.

 

«Préservons la vie familiale!»

«Je suis contre le travail du dimanche. Pour moi, il y a suffisamment de commerces ouverts dans les gares et les aéroports ce jour-là, sans oublier les marchés. Nous ne sommes pas non plus des métiers prioritaires d’urgence comme le sont les infirmiers ou les médecins. Il n’y a aucun besoin vital à ouvrir les magasins sept jours sur sept. Je plaide pour le respect de la vie de famille et la vie sociale: le dimanche est le seul jour où l’on peut se réunir. Refuser le travail dominical, c’est aussi défendre les femmes, qui vont en payer le prix lourd. Déjà soumises à des conditions de travail très pénibles, à des bas salaires et à la prise en charge des tâches ménagères, on vient maintenant leur demander d’aller travailler le dimanche. Et que fait-on des enfants? Les employeurs ne parlent pas de la vie de famille dans leur projet de loi…

Cela va aussi engendrer des problèmes d’effectifs. Aujourd’hui, nous sommes déjà moins nombreux qu’il y a dix ans, et ce avec des amplitudes horaires plus larges: ceux qui vont travailler le dimanche prendront congé la semaine et il nous manquera du personnel. Cela fait des années que nous battons ces projets dans les urnes, et ils reviennent une nouvelle fois avec un projet de loi qui ne respecte pas la volonté du peuple, c’est une honte.»

Tonio*, employé dans une enseigne alimentaire.

*Prénoms d’emprunt

 

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