Non à la privatisation de la réinsertion à Genève
Déposé en octobre dernier par le Conseil d’Etat, un projet de loi accorde une subvention annuelle de près de 2,5 millions de francs pour les quatre ans à venir à la Fondation des Ateliers Feux-Verts (FAFV). Cet objet parlementaire apparemment anodin cache une externalisation d’une partie de la politique carcérale et de réinsertion genevoise. Il est en effet prévu que quinze fonctionnaires actuellement attachés au Service de probation et d’insertion (SPI) soient réengagés par la FAFV. Cette fondation de droit privé met sur pied des ateliers de menuiserie, peinture, jardinage ou nettoyage destinés aux personnes placées dans des établissements d’exécution de peines de courte durée, de fin de peine et de semi-détention ou qui exécutent leur condamnation sous forme de travail d’intérêt général. Le Département de la sécurité justifie cette privatisation déguisée par un besoin de «clarification», les collaborateurs concernés, des maîtres socioprofessionnels et des animateurs d’atelier, «travaillant déjà dans les faits pour la FAFV». Le projet était dans les cartons de l’ancien conseiller d’Etat Pierre Maudet, qui a, par ailleurs, aussi externalisé le convoyage des détenus, il est aujourd’hui repris par l’actuel responsable du Département, Mauro Poggia. Inquiets pour l’avenir de leur mission et de leurs conditions d’engagement, les employés du SPI ont manifesté jeudi dernier devant le Grand Conseil, alors que le projet de loi est examiné par la Commission des finances. Le personnel peut compter sur le soutien des partis de gauche, du Cartel intersyndical de la fonction publique, de l’Union du personnel du corps de police et du syndicat Sit. La gauche et les syndicats s’opposent sur le fond à la privatisation d’une fonction régalienne et redoutent un impact négatif, tant sur les conditions de travail que d’accompagnement. Les personnes prises en charge sont potentiellement à risque et méritent un encadrement par des agents de l’Etat. Affaire à suivre.