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Nous les TPG avons ouvert la voie de la résistance

La direction des TPG a cédé sur toutes les revendications des grévistes. Bilan d'une grève exemplaire

Le syndicat SEV a organisé l'opposition du personnel des Transports publics genevois (TPG) au nouveau contrat de prestations voulu par le Conseil d'Etat qui prévoyait la suppression de 130 postes de travail à plein temps, dont 63 licenciements et la remise en cause des acquis des retraités. Après une journée de grève réussie le 19 décembre, le syndicat avait déposé un préavis de grève reconductible pour le 4 décembre.

Le jeudi 4 décembre, aux premières heures du matin, l'assemblée générale du personnel des Transports publics genevois (TPG), organisée en duplex dans les dépôts du Bachet et de la Jonction, a approuvé à l'unanimité moins une voix la convention signée la veille avec le conseil d'administration de la régie publique. L'accord garantit l'annulation des suppressions de postes de travail annoncées, le maintien des effectifs en 2015, des mécanismes salariaux et des acquis pour les retraités. De plus, l'entreprise s'engage à discuter des horaires et des temps de parcours afin d'améliorer le confort de conduite des chauffeurs et d'offrir une pause en bout de ligne. Le syndicat des transports SEV, qui avait lancé le mouvement de grève, obtient satisfaction sur ses principales revendications. «Les collègues ont estimé que le résultat de nos négociations était très bon. C'est en effet une victoire, une grande source de satisfaction», se félicite Vincent Leggiero, président de la section syndicale SEV-TPG.

«Nous avons forcé le Conseil d'Etat à négocier»
«Sans la grève du 19 novembre, cet accord n'aurait pas été possible. Nous avons forcé le Conseil d'Etat à négocier.» Pour éviter une nouvelle paralysie, la direction des TPG a tenté en vain de mettre en place un service minimum. Si elle a pu débaucher des conducteurs en leur proposant 250 francs pour travailler les jours de grève, elle aurait eu de la peine à enrôler des travailleurs dans les dépôts, le service technique dénombrant, selon Vincent Leggiero, près de 90% de syndiqués. «Il est plus difficile d'atteindre les chauffeurs qui sont séparés dans leur service, souvent jeunes et nouveaux dans l'entreprise», explique le syndicaliste et employé à la technique au Bachet. «Malgré cette dispersion du personnel, nous avons réussi à mener cette grève.» Il faut dire qu'un ras-le-bol général règne chez les chauffeurs obligés de conduire leur véhicule près de cinq heures d'affilée dans la circulation genevoise pour un salaire de base de 4500 francs. «C'est très peu pour Genève et moins élevé que la moyenne dans le secteur du transport privé. Les TPG ont donc de la peine à engager de jeunes conducteurs. En plus, ceux-ci ne sont informés de leurs horaires que trois jours à l'avance. C'est un travail difficilement conciliable avec une vie familiale, il peut conduire à des séparations et des divorces, beaucoup quittent l'entreprise rapidement», relève la cheville ouvrière du SEV-TPG. «Un des grands acquis de la journée du 19 novembre est d'avoir pu rassembler conducteurs et employés de la technique qui ont fraternisé et échangé sur les problèmes de chacun.»

«S'il le faut, on relancera la grève»
L'accord conclu stipule aussi qu'une négociation sera conduite sur le service minimum. N'est-ce pas scier la branche sur laquelle est assis le SEV après le succès de sa grève? «Nous avons accepté de discuter du service minimum, mais pas de sa mise en place, il ne faut pas compter sur le syndicat pour cela, il est hors de question de nous lier les mains et de renoncer au droit de grève», répond le président du SEV-TPG.
«S'il faut faire grève, on relancera la machine. D'ailleurs, on ne nous laisse pas respirer», soupire notre interlocuteur en évoquant le projet de loi PLR visant à faire passer la sous-traitance des lignes de 10 à 20%. «On va se mobiliser contre la privatisation rampante des TPG. Le déficit et la dette de l'Etat ne sont que des prétextes pour s'attaquer aux services publics, pour rendre privé ce qui est public.»
Quel bilan tire encore Vincent Leggiero de cette grève? «La section syndicale du SEV a montré son efficacité, sa discipline et a réussi à entraîner les deux autres syndicats, Transfair et l'Asip, dans le mouvement. Nous avons gagné beaucoup de nouveaux membres durant ce mouvement, notamment de jeunes conducteurs.» Le syndicaliste espère aussi que la réussite de cette grève servira «d'embrasement pour la fonction publique comme pour le privé». «Nous avons ouvert la voie, montré qu'il est possible de résister au démantèlement des services publics et de défendre nos emplois.»


Jérôme Béguin