Nouvelle embrouille à l'aéroport
Des dizaines de salariés actifs sur le chantier du tri-bagages risquent à nouveau de faire les frais d’une politique de sous-traitance en cascade. Leur emploi est menacé par la résiliation du mandat d’une des sociétés italiennes à qui l’Aéroport de Genève avait confié une partie des travaux.
Le chantier du centre de tri-bagages de l’aéroport de Genève-Cointrin n’a pas fini de défrayer la chronique. Pour mémoire, Unia Genève avait déjà dû intervenir l’année dernière pour défendre une cinquantaine de salariés victimes d’une sous-traitance en cascade. Après avoir remporté la construction du nouveau centre logistique, pour la coquette somme de 270 millions de francs, l’entreprise Leonardo avait mandaté une autre société pour réaliser les travaux, Fincantieri, qui, elle-même, avait sous-traité à une troisième entité, là encore domiciliée en Italie, Mitel International. Venus de l’étranger, les travailleurs devaient parfois travailler sept jours sur sept, de 10 à 12 heures par jour, avec des rémunérations en-dessous du salaire minimum cantonal et des usages de la mécatronique. Mitel avait finalement été exclue du site et remplacée par l’entreprise PH facility. Tout allait bien jusqu’à ce que celle-ci se voit signifier par Fincantieri, le 31 octobre dernier, une fin de contrat. Fincantieri ayant, semble-t-il, perdu le mandat de Leonardo… Un sacré imbroglio qui risque de laisser des dizaines d’employés sur le carreau.
«Après avoir été sous-payés pendant des mois et fait des horaires à rallonge, nous sommes une nouvelle fois dans la crainte de rester sans travail. Nous espérons que l’entreprise continuera à nous verser les salaires», explique Ivan. Avec plus de trente collègues, cet ouvrier italien a participé le 7 novembre à une conférence de presse donnée à l’issue d’une assemblée générale devant l’entrée de l’aéroport. «Nous sommes des mécaniciens et des électriciens qui mettons au point un système très sophistiqué, et nous sommes de nouveau menacés de licenciement. Nous voulons finir le chantier avec PH facility, une entreprise sérieuse qui paie régulièrement les salaires et respecte la législation», complète Motan, un autre salarié.
Reprise de tout le personnel exigée
«Nous n’avons pas d’assurance aujourd’hui que l’ensemble des salariés seront repris, nous sommes potentiellement devant un licenciement collectif, c’est totalement scandaleux. Nous allons de nouveau solliciter des rencontres avec Leonardo et la direction de l’aéroport. Nous demandons à ce que l’ensemble du personnel sous contrat avec PH facility soit réengagé et ce aux mêmes conditions d’embauche. L’idéal étant que l’aéroport mandate directement l’entreprise, sans passer par une chaîne de sous-traitance qui porte systématiquement préjudice aux travailleurs», indique Alejo Patiño, secrétaire syndical d’Unia Genève.
Pour empêcher ces pratiques de sous-traitance abusives, le syndicat va, en outre, encore une fois interpeller les instances intersyndicales et les autorités politiques. «L’aéroport est une régie publique, sa direction de même que le Conseil d’Etat ne peuvent rester silencieux. Nous leur demandons d’agir», lance Jean Burgermeister, secrétaire syndical d’Unia Genève.
«Pour le SSP, le responsable de cette casse est la direction de l’aéroport», souligne Jamshid Pouranpir, le secrétaire syndical du SSP trafic-aérien, venu témoigner de sa solidarité. «Nous exigeons la création d’un fonds de garantie pour subvenir aux besoins des salariés en cas de manquement des entreprises. De l’argent, des profits, il y en a. Aucun licenciement ne doit être prononcé.»
Affaire à suivre, le syndicat promet d’accompagner les travailleurs afin qu’ils ne perdent pas leur emploi et que les conditions de travail ne soient pas dégradées.