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Nouvelle vague violette aux revendications plurielles

Rassemblement du 14 juin 2020 à Lausanne.
© Olivier Vogelsang

Des milliers de femmes ont, comme ici à Lausanne, battu le pavé pour exiger une égalité dans les faits et l’émergence d’une société solidaire, sans racisme et sans sexisme.

Des milliers de femmes sont descendues dans les rues dimanche dernier exigeant la fin des inégalités. Arrêt sur images en Suisse romande

Fidèles au rendez-vous malgré la crise sanitaire et plus déterminées que jamais: dimanche dernier, un an après l’extraordinaire mobilisation du 14 juin 2019, plusieurs milliers de femmes sont de nouveau descendues dans la rue pour exiger une égalité dans les faits. Des rassemblements souvent épars, organisés dans différents lieux, compte tenu des restrictions toujours imposées par la pandémie de coronavirus, mais animés de la même vitalité que lors de l’édition précédente. Cette journée a clôturé l’organisation, aux quatre coins de la Suisse, d’une «Semaine violette» balisée par différentes actions, y compris dans des entreprises, pour soutenir les revendications plurielles des participantes. Parmi ces dernières, la revalorisation des professions dites féminines passant notamment par des rémunérations plus élevées. Une nécessité d’autant plus impérative que le Covid-19 a clairement mis en évidence le travail indispensable réalisé par les salariées. Avec notamment, dans le secteur des soins, un personnel à 82% féminin ou encore, dans le secteur du commerce de détail, à plus de 65%.  Pour ces employées, Unia a exigé des salaires minimums de 4000 francs x 13 et une prime d’au moins 2000 francs afin de récompenser l’effort fourni durant le semi-confinement. «Du respect, du temps, de l’argent. Plus que jamais!», «Pas de retour à la norme mâle», «On ne lâche rien», etc. La Grève féministe a insisté sur sa volonté de vivre dans une société solidaire, «sans racisme, sans sexisme, sans homophobie et sans transphobie». Elle a ainsi aussi manifesté son clair soutien au mouvement des Black Lives Matter. Plusieurs temps forts ont émaillé ce 14 juin donnant de la visibilité aux droits revendiqués par les femmes. Exigences soutenues à coup de slogans, pancartes et banderoles, musique, flashmob, stands, défilés, etc. A 15h24, heure à partir de laquelle les travailleuses, victimes de discriminations salariales, ne sont plus payées, des manifestations sonores plurielles ont fait vibrer le mouvement partout dans un même élan. Des «files d’attente des droits» ont aussi été formées pour illustrer la trop longue lutte pour l’égalité. Sonya Mermoud

"Mur de la honte"Neuchâtel: le «mur de la honte» brisé

Les militantes du Groupe d’intérêt femmes d’Unia Neuchâtel ont sorti une batte de baseball! Non pour refaire le portrait de quelques phallocrates, mais pour abattre un «mur de la honte». Durant la semaine, les syndicalistes ont visité des commerces, des restaurants et une crèche, trimballant avec elles des briques noires sur lesquelles les travailleuses rencontrées ont pu noter les discriminations, injustices et violences qu’elles subissent. «Tâches égales, salaires inégaux», «Tu ne peux pas faire ce sport car tu es une fille», «T’as 30 ans? Pas mariée? Pas d’enfant?», «Parascolaire insuffisant, pas adapté aux mamans qui travaillent», pouvait-on lire sur certaines briques, alors que d’autres dénonçaient «harcèlement», «inégalité des chances», «manque de temps», «charge mentale», «mauvaises conditions de travail» ou «violences conjugales». Vendredi, devant la fontaine de la Justice, les féministes ont construit un mur de la honte avec ces briques, avant de se relayer pour les casser une à une, comme pour montrer qu’il est non seulement possible de faire tomber les murs les plus anciens et les plus hauts, mais aussi que cette démolition est nécessaire pour ouvrir un passage à un avenir égalitaire. Pendant cette «Semaine violette», Unia a insisté sur le fait que la précarité des salaires pour les femmes dans le secteur tertiaire n’est plus admissible. Des établissements visités, le syndicat a montré en exemple pour leur gestion socialement responsable les pharmacies Nussbaumer, le magasin bio Terrame et la crèche de l’Amitié. Jérôme Béguin / photo Olivier Vogelsang

Action EGALITE.Jura: les poings sur les «i»

Vendredi, au cours d’une action bien voyante dans les rues de Delémont, Unia Transjurane a voulu dissiper tous les doutes en mettant, à grands coups de marteau, les points sur les «i»: les femmes gagnent généralement près de 20% de moins que leurs collègues masculins, elles doivent obtenir, une bonne fois pour toutes, l’égalité salariale. Unia Transjurane attend d’ailleurs de pied ferme que son initiative cantonale «Egalité salariale: concrétisons!» soit examinée par le Parlement jurassien. Le syndicat ne veut plus voir de salaires inférieurs à 4000 francs et il exige une «prime corona» d’au moins 2000 francs pour l’effort exceptionnel fourni durant l’épidémie par les branches essentielles souvent occupées majoritairement par des femmes. Le groupe Egalité d’Unia Transjurane a aussi mis en ligne un petit film dans lequel trois femmes de la région, Marion la bouchère, Nathalie l’infirmière et Léa l’horlogère, reviennent sur la grève du 14 juin 2019 en évoquant leur lutte pour l’égalité. Jérôme Béguin / photo Lucas Dubuis

File d'attente.

Valais: temps et argent volés

«Ces inégalités nous volent du temps et de l’argent.» A Sion (photo) mais aussi à Martigny et Monthey, des centaines de femmes se sont mobilisées pour exiger une équité dans les faits. Et formé des «files d’attente» pour symboliser la trop longue lutte en faveur de l’égalité. Les participantes se sont aussi retrouvées auparavant autour de pique-niques en ville et crié à 15h24 leur ras-le-bol de n’être plus payées dès cette heure-là en raison des différences salariales entre les sexes. Sonya Mermoud / photo Florence Zufferey

Action à Genève.

Genève: échappée féministe

Au bout du lac, une échappée féministe a eu lieu à la mi-journée, invitant les participantes à se rendre à seize points de la ville, en vélo ou à pied. Sur place, des activités, des actions, des spectacles ou encore des pique-niques sur différents thèmes, comme le congé parental, les violences de genre ou notamment la revalorisation salariale s’y sont déroulés.

Malgré les restrictions sanitaires, la mobilisation a été forte: dès 14h, environ 2000 femmes occupaient la plaine de Plainpalais. Accompagnées en musique par des groupes féminins et féministes, dont la chorale Nana’n’air, elles ont formé une grande file d’attente violette, symbolisant la longue lutte menée pour l’égalité.

A 15h24, moment de cohésion nationale correspondant à l’heure à laquelle les femmes ne sont plus payées, les Genevoises ont poussé leur cri féministe. Pendant plusieurs minutes, munies aussi de banderoles, elles ont hurlé leur désir de justice et d’égalité. L’après-midi s’est clôturé par la désormais bien connue flashmob féministe internationale, «un violeur sur ton chemin». Manon Todesco / photo Thierry Porchet

Manifestation nocturne et bruyante.Vaud: manifestation débridée

Il fallait avoir le don d’ubiquité pour suivre tous les événements prévus, mais aussi non planifiés, de ce 14 juin à Lausanne et dans plusieurs autres localités vaudoises.  Dans la capitale, c’est déjà la veille, vers 23h30, que plus de 400 femmes se sont retrouvées sur la place St-François, rebaptisée Ste-Françoise, pour lancer la mobilisation à grand bruit de casseroles. Quelque douze heures plus tard, des banderoles, contre le sexisme et le racisme, étaient déroulées au-dessus de la place de l’Europe. L’après-midi, dans le quartier de la Sallaz, devant plus d’une centaine de participantes, plusieurs oratrices notamment des secrétaires syndicales, des professionnelles de la santé, de l’éducation et du commerce de détail ont revendiqué l’importance d’une vraie sortie de crise féministe incluant des revalorisations salariales. Pour marquer l’heure à laquelle les femmes ne sont plus payées, soit 15h24, c’est la chorégraphie féministe de Las Tesis qui a fait danser et chanter femmes, enfants et hommes. Pendant ce temps, au centre-ville, la place de la Riponne réunissait toujours plus de monde, avant qu’une manifestation débridée, à vélo et à pied, suivant un itinéraire spontané, sillonne la ville, rendant la circulation chaotique. Des cyclistes ont notamment tournoyé gaiement dans de grands carrefours, comme à Chauderon par exemple. Finalement, le cortège est arrivé dans le port d’Ouchy. Dans ce lieu, une marionnette géante, représentant le patriarcat, a été brûlée sous les cris de joie des féministes. Aline Andrey / photo Olivier Vogelsang

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