Début janvier, l’Union syndicale suisse, accompagnée de Travail.Suisse et du Parti socialiste, a lancé la campagne pour une treizième rente AVS dans l’objectif de booster le pouvoir d’achat des retraités
Le compte à rebours est lancé. Les électeurs devront se prononcer le 3 mars prochain pour ou contre la 13e rente AVS. Cette initiative, portée par une large alliance formée de syndicats, de partis politiques et d’organisations de retraités, a pour ambition de verser une treizième rente à tous les retraités – sur le modèle d’un 13e salaire – afin de revaloriser les rentes, et aujourd’hui de compenser la perte de pouvoir d’achat de ces dernières années. «Entre les loyers, les primes d’assurance maladie, l’électricité ou encore les transports publics, les hausses de prix ont fait perdre depuis 2021 l’équivalent d’un mois de rente en pouvoir d’achat aux personnes retraitées», souligne l’Union syndicale suisse (USS) dans un communiqué diffusé à l’occasion du lancement de la campagne. «Les rentes permettent de moins en moins de couvrir le coût de la vie.»
Pour des rentes décentes
Lors d’une conférence de presse, rassemblant des représentants de l’USS, de Travail.Suisse, d’Unia, de l’Organisation chrétienne-sociale tessinoise (OCST) et du Parti socialiste suisse, il a été soulevé le fait que les rentes AVS moyennes oscillent autour de 1800 francs par mois. Des revenus bas, source d’inquiétude, surtout dans le contexte d’inflation que nous connaissons. «Les gens qui ont vécu toute leur vie avec des revenus moyens ne savent pas comment s’en sortir, a remarqué Pierre-Yves Maillard, président de l’USS et conseiller aux Etats. Notre initiative apporte une réponse concrète aux retraités, et notamment ceux de la classe moyenne, qui sont aussi touchés par l’inflation.»
Un renforcement du 1er pilier serait bénéfique pour tous, car c’est la seule forme de prévoyance à laquelle tout le monde a droit.
Pour Vania Alleva, présidente d’Unia, la 13e rente AVS vient en aide précisément à celles et ceux qui en ont le plus besoin: «Travailleurs et travailleuses à petit budget, dont beaucoup de femmes dans les branches à bas salaires, personnes travaillant à temps partiel et celles exerçant des professions physiquement exigeantes. En effet, plus de 9 assurés sur 10 reçoivent plus de l'AVS à la retraite qu'ils n'ont cotisé.»
AVS versus 2e pilier
Pour bref rappel, l’AVS est la forme de prévoyance vieillesse la plus sociale, mais aussi la plus sûre: le taux de cotisation est stable et les frais administratifs sont bas et n’augmentent pas. Les perspectives financières de l’AVS publiées par la Confédération affirment qu’elle enregistrera au cours des prochaines années un excédent de près de trois milliards de francs par an. «Loin des scénarios catastrophe des dernières années, la fortune de l’AVS atteindra d’ici à la fin de la décennie 67 milliards de francs. Soit environ 20 milliards de francs de plus qu’aujourd’hui», précise la faîtière syndicale.
C’est assez différent pour le 2e pilier. Depuis plusieurs années, les assurés voient leurs cotisations salariales toujours plus augmenter auprès de leurs caisses de pensions alors que les perspectives de rentes diminuent. «Et le Parlement veut encore abaisser le taux de conversion dans le 2e pilier, alors même que les caisses de pensions jouissent d’une situation financière positive», s’indigne l’USS. «Seul le premier pilier est solidaire et reconnaît le travail non rémunéré des femmes, a déclaré Léonore Porchet, conseillère nationale verte et vice-présidente de Travail.Suisse. Avec la 13e rente AVS, nous rendons possible une retraite digne à toutes et tous, adaptée au contexte économique actuel.»
Et Giorgio Fonio, conseiller national du Centre et secrétaire régional de l’OCST, d’ajouter: «La 13e rente apporte une solution claire à un problème objectif, pour tous les travailleurs qui risquent autrement de prendre leur retraite dans des conditions précaires.»
Et le financement?
Comment finance-t-on cette 13e rente AVS? Les initiants se montrent rassurants, car contrairement aux prévisions pessimistes, l’AVS se porte comme un charme. «Les scénarios alarmistes sont faux», contre Mattea Meyer, coprésidente du Parti socialiste suisse. La 13e rente AVS coûtera environ 4,1 milliards de francs lors de son introduction. «L’AVS peut supporter ces coûts supplémentaires, car la Confédération prévoit des excédents d’un montant à peu près équivalent pour 2026.» Si des moyens additionnels devaient être nécessaires à l’avenir, une cotisation salariale de 0,4 % suffirait. «Une augmentation des rentes aussi avantageuse pour les travailleuses et les travailleurs n’est possible que par le biais de l’AVS. Il est grand temps de faire quelque chose pour les gens», insiste Mattea Meyer.
AVS et démocratie
Pierre-Yves Maillard répond aux accusations de «populisme»: «Lutter pour défendre et renforcer l’AVS est un acte profondément démocratique et patriotique. Car affaiblir l’AVS, c’est affaiblir notre pays et sa démocratie. Nous voulons les renforcer, c’est pourquoi nous nous engagerons avec toute notre énergie pour un OUI à une 13e rente AVS et un refus de la hausse continue de l’âge de la retraite lors des votations du 3 mars prochain.»
Manon Todesco
Plus d’informations sur: avsx13.ch
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