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Objectif zéro gaz à effet de serre

Parc éolien au Mont-Crosin.
© Thierry Porchet

Les initiants plaident, entre autres, en faveur du développement des énergies renouvelables.

Quelque 85000 signatures ont déjà été récoltées en faveur de l’initiative populaire fédérale pour les glaciers. Lignes maîtresses

Réduire à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici à 2050*: voilà l’objectif poursuivi par l’initiative populaire pour les glaciers. Une dénomination ancrée dans la réalité helvétique. «Nous avons choisi de l’appeler ainsi car la fonte des glaciers constitue un des phénomènes les plus évidents du réchauffement climatique dans notre pays. Nous espérons aussi capter l’attention des Suisses, attachés à leur paysage alpin», explique Mathilde Captyn, coordinatrice romande de l’Association pour la protection du climat. Créée l’an dernier, cette structure sert de fer de lance au projet des initiants. Elle regroupe des associations pour la défense de l’environnement, des représentants de tous les partis politiques, à l’exception de l’UDC, ainsi que des personnalités des mondes scientifique, culturel et sportif. A ce jour, 85000 personnes ont déjà apporté leur soutien au texte. Un signal positif, la campagne de récolte des paraphes ayant été lancée mi-mai. «Nous ne savons pas encore si nous déposerons les 100000 paraphes nécessaires avant le délai prévu, à l’automne 2020. Cela dépendra des futures décisions du Parlement et du Conseil fédéral.» Le but du projet n’est-il pas trop ambitieux? Non, rétorque avec assurance Mathilde Captyn: «Si l’initiative a été qualifiée de radicale à son origine, le vent a tourné avec les mobilisations internationales pour le climat. Et le projet ne fait que réclamer la mise en œuvre de l’Accord de Paris que la Suisse a ratifié. D’autres pays ont déjà fixé des objectifs similaires. La loi suédoise exige que les émissions nettes soient nulles d’ici à 2045, la Finlande veut réduire les siennes en dessous de zéro d’ici à 2040. En 2018, la Commission européenne a déclaré son intention de devenir neutre en gaz à effet de serre d’ici à 2050.»

Vivre plus sobrement

Pour atteindre le but fixé, l’Association pour la protection du climat plaide en faveur du développement des énergies renouvelables et d’une meilleure efficience énergétique. Le potentiel des puits de carbone naturels propres à absorber les gaz à effet de serre, comme les forêts, est clairement insuffisant. «Quant aux puits artificiels, nous n’avons pas encore dépassé le stade de l’expérimental et nous ignorons aussi les problèmes qu’ils pourraient générer. Il serait irresponsable de continuer à miser sur des combustibles fossiles dans l’espoir que le CO2 émis puisse être neutralisé de cette manière.» Les initiants confient le choix des instruments politiques nécessaires à leurs visées à la législation d’exécution, mais s’opposent à d’éventuelles compensations de nos émissions à l’étranger. «Nous disposons des moyens pour opérer des changements. Mais il faudra peut-être aussi accepter de vivre plus sobrement. A terme, il y aura moins d’automobiles. Il sera nécessaire de développer le covoiturage et les transports publics», poursuit la militante écologiste tout en insistant sur le fait que la transition devra toutefois être «socialement acceptable». «Avant de disparaître complètement du marché, le mazout et l’essence coûteront plus cher. Mais il ne s’agit pas de créer une situation comme celle des “Gilets jaunesˮ. Au politique de faire son travail et de trouver des moyens prenant en compte les classes les plus fragiles.»

Péril en la demeure

Dans tous les cas, au regard de l’urgence climatique, Mathilde Captyn estime que si on ne prend pas dès aujourd’hui le problème à bras-le-corps, demain il sera trop tard. «Ce serait un comportement suicidaire. On observe déjà dans nos vies quotidiennes les conséquences du réchauffement. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC) ne cesse de tirer la sonnette d’alarme. Il a précisé que, même si on maintient la hausse des températures à 2 degrés, les conséquences sont déjà beaucoup plus graves qu’à 1,5 degré. Si le Parlement prenait vraiment l’Accord de Paris au sérieux, notre initiative serait inutile. Il y a bien une révision de la Loi sur le CO2, mais le processus est trop lent.» Selon l’Association pour la protection du climat, la température moyenne en Suisse a augmenté jusqu’à présent deux fois plus vite que celle globale... entraînant, entre autres, la fonte des glaciers. L’acceptation de l’initiative, précise encore Mathilde Captyn, ne les sauvera pas. «Ils continueront à diminuer comme peau de chagrin, mais ce qui les affecte doit être évité dans d’autres domaines. Car l’enjeu ne se limite pas aux glaciers mais englobe la production alimentaire, la santé, la biodiversité, la production économique, la stabilité politique... et finalement la survie de la civilisation humaine.»

*Zéro net signifie que les émissions engendrées ne seront pas supérieures à celles qui peuvent être absorbées.

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