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Paysagistes mieux lotis

Paysagiste au travail.
© Thierry Porchet

Environ un millier d’employés et 280 entreprises sont concernés par la nouvelle convention collective de travail. L’accord prévoit également 25 jours de vacances pour les moins de 20 ans et les plus de 50 ans et 22 jours pour les autres, sans compter les 9 jours fériés fermes.

Les cantons de Fribourg, Neuchâtel, Jura et le Jura bernois se dotent d’une convention collective de travail dans la branche du paysagisme. L’accord fixe des salaires minimaux pour les différentes catégories de personnel, en fonction des qualifications et de l’expérience. Et comble ainsi un vide en Suisse romande

Depuis le 1er septembre, les paysagistes de Suisse romande sont tous couverts par une convention collective de travail (CCT) de force obligatoire. Après les cantons de Genève, de Vaud et du Valais, c’est au tour de la région de Fribourg, Neuchâtel, du Jura et du Jura bernois - dont les communes de Bienne et d’Evilard-Macolin - de signer une CCT commune. «Après de longues années de négociations, les partenaires sociaux se sont accordés sur des salaires minimums et des conditions de travail dignes. C’est un grand pas en avant», se réjouit Nico Lutz, membre du comité directeur d’Unia. «Gigantesque même, renchérit François Clément, cosecrétaire régional d’Unia Fribourg. Cette convention va améliorer la vie de nombreux travailleurs, dont celle des temporaires, et des employeurs. Certaines sociétés françaises et allemandes qui cassent les prix vont devoir appliquer les salaires de la CCT.» Pierre-Yves Zürcher, membre du comité de JardinSuisse BEJUNE souligne: «Cette CCT permettra aussi, en plus de prévenir la concurrence déloyale, de valoriser notre métier et d’éviter que les apprentis une fois formés ne partent dans d’autres branches mieux payées.»

Les partenaires sociaux, Unia et Syna, ainsi que l’association Grüne Berufe Suisse et les sections cantonales de l’association patronale JardinSuisse indiquent dans un communiqué commun: «A travers des règles claires et des moyens de contrôle de leurs applications, les partenaires sociaux souhaitent lutter contre le travail frauduleux et la concurrence déloyale, mais aussi améliorer la sécurité sur les lieux de travail.» Une commission paritaire interrégionale est ainsi créée pour faire appliquer les nouvelles dispositions en informant les entreprises et les employés de leur existence et en les accompagnant. «Les contrôles seront nécessaires, appuie Pierre-Yves Zürcher. Sinon la CCT n’aura aucun sens.»

Salaires minimums

Un millier d’employés environ et 280 entreprises sont concernés. Le salaire minimum est fixé à 3900 francs. Il concerne les aides-jardiniers sans formation. Un renchérissement de 50 francs est déjà prévu le 1er janvier 2022, puis en 2023, afin d’atteindre 4000 francs mensuels. Pour un jeune travailleur muni d’un CFC avec moins de trois ans d’expérience, le minimum salarial se monte à 4450 francs; puis à 4725 francs dès la troisième année. «Un aide-paysagiste avec plus de trois ans d’expérience, même sans CFC, a droit également à 4000 francs par mois, précise François Clément. Ce qui est bien davantage que les salaires appliqués jusqu’ici.» Le secrétaire syndical ajoute que le statut est non seulement défini par les qualifications mais aussi par la fonction: «Une personne qui gère de 2 à 5 collaborateurs doit être considérée comme un chef d’équipe. Si c’est plus de 5 travailleurs, il a le statut de contremaître avec le salaire qui s’y réfère.»

Des limites à la flexibilité

Le nombre d’heures de réserve ne peut excéder 60 heures par année, 20 heures maximum par mois. La durée de travail hebdomadaire ne doit pas excéder 45 heures ni descendre au-dessous de 35 heures. La durée moyenne est de 42,2 heures par semaine. Une pause de 15 minutes en matinée est payée.

Un supplément de 25% est prévu pour les samedis travaillés, sauf trois samedis par année. Le travail du dimanche implique une majoration de 100%, ou de 50% sous réserve de déneigement et de salage, de foires et d’expositions. Le travail de nuit est rétribué également avec un supplément de 100%, mais 25% en cas de déneigement et de salage. «Cela permet aussi d’enlever de la pression sur les patrons de la part de clients pressés. S’ils veulent faire travailler des paysagistes le dimanche, ils doivent débourser davantage», explique François Clément.

La CCT prévoit également 25 jours de vacances pour les moins de 20 ans et les plus de 50 ans, 22 jours pour les autres, sans compter les 9 jours fériés fermes (si, par exemple, un 1er Août tombe un dimanche, il est rattrapé à un autre moment). Des indemnités repas de 17 francs doivent être versées à l’employé lorsqu’il ne peut pas rentrer au dépôt ou à la maison. Le temps de déplacement entre l’atelier et le chantier doit être compris dans les heures de travail, sauf les 30 premières minutes du trajet pour les passagers du véhicule (le chauffeur est payé). Les indemnités journalières de maladie s’élèvent à 100% du dernier salaire versé dès le deuxième jour et pendant le délai d’attente de l’assurance perte de gain. Puis à 80% pendant 720 jours au maximum. Les indemnités pour accident se montent à 80% du dernier salaire versé dès le premier jour.

Une retraite anticipée en discussion

L’article 34 de la nouvelle CCT indique que les partenaires sociaux s’engagent à trouver d’ici à 2024 une solution équivalente au système de retraite anticipée telle qu’en vigueur dès 62 ans à Genève, qui vient de renouveler sa convention, et en Valais. Une retraite anticipée est également en discussion dans le canton de Vaud. 

«Cette CCT n’est pas aussi favorable aux travailleurs que la Convention nationale. Mais nous n’avons pas 60% de membres, ni une aussi grande capacité de mobilisation que ceux-ci. C’est toujours une histoire de rapport de force», explique François Clément. «Bien sûr, nous aurions aimé avoir une CCT romande, et même nationale, souligne Nico Lutz. Mais en Suisse alémanique, excepté Bâle qui possède une CCT de force obligatoire, les instances de JardinSuisse refusent toujours de négocier avec Unia. Le nouvel accord qui inclut Bienne est donc le bienvenu pour influencer la Suisse alémanique.»

Classes de salaires pour les paysagistes soumis à la CCT de Fribourg, de Neuchâtel, du Jura et du Jura bernois

  • A1 Chef d’équipe: 4900 francs (26,75 l’heure)
  • A2 Contremaître: 5200 francs (28,40 l’heure)
  • B1 Jardinier CFC – 3 ans: 4450 francs (24,30 l’heure)
  • B2 Jardinier CFC + 3 ans: 4725 francs (25,80 l’heure)
  • C1 Aide paysagiste: 3900 francs (21,30 l’heure)
  • C2 Aide paysagiste + 3 ans avec AFP: 4000 francs (21,85 l’heure)
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