Témoignages
«Ça donne envie de continuer à se battre pour que les choses changent» - Amandine Barut-Jutzeler, infirmière en EMS
«C’était ma première conférence et j’ai trouvé l’accueil très chaleureux. Je me suis assez vite rendu compte que la problématique était nationale, ce qui est rassurant d’un côté mais aussi triste. La gestion de la santé est à repenser dans sa globalité en Suisse. Le grand “oui” de la population à l’initiative sur les soins nous prouve qu’on n’est pas seuls: cela nous booste et nous remotive à nous battre. Même chose pour l’élection de ce comité de branche: il y a une belle énergie, on se sent soutenus et compris par Unia et, en tant que délégués, cela nous donne beaucoup d’espoir et d’envie que les choses changent.
Nous le disons depuis des années, à nos supérieurs et à notre entourage: plus les conditions de travail sont précaires, plus la qualité des soins se dégrade. Et si nous inversons la tendance, tout le monde en sortira gagnant: les patients, les soignants, l’économie et la société en général. Mais on nous prend toujours pour des râleurs ou des enfants gâtés...
Un des grands défis sera de faire prendre conscience aux soignants que ce qu’ils font et le rythme auquel ils travaillent n’est ni normal ni acceptable. Et ensuite, il faudra réussir à mobiliser ce corps soignant, qui est d’accord avec nous mais qui est éreinté et découragé en cette période de pandémie.»
«Il est temps de prendre soin des soignants» - Sandrine Raguillet, infirmière à domicile
«J’ai d’abord exercé dans une grande institution genevoise, mais très vite la numérisation et le management sont venus se heurter à mes valeurs de soignante et j’ai perdu le sens de mon travail. On nous demandait d’exécuter et surtout de ne plus réfléchir. J’ai fait un burn-out et j’ai changé d’employeur. J’ai trouvé cette conférence passionnante et enrichissante. Rencontrer tous ces gens est un vrai moteur et on développe un sentiment d’appartenance. On réalise que le problème est collectif, et que le management dans un but de rentabilité a complètement perverti nos métiers, nous fait perdre notre empathie et nous divise. Nous n’avons plus le temps pour nos patients.
L’heure est venue de prendre soin des soignants et qu’ils sortent de l’invisibilité: les soignants ont des droits et doivent les faire appliquer. Ils doivent oser dire non, notamment à certaines tâches administratives qu’on leur impose et qui ne sont pas de leur ressort. Et enfin, les soignants méritent du temps et de meilleures conditions de travail, sans avoir peur de perdre leur emploi.»