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Pour des chantiers dignes et propres

Un syndicaliste montre une photo du chantier.
© Olivier Vogelsang

Unia a de nouveau dû intervenir sur un chantier de la luxueuse rue du Rhône, où les travailleurs du second œuvre et de la métallurgie du bâtiment étaient contraints de manger et de se changer au milieu du matériel et entourés de débris et de poussière.

A Genève, Unia a dénoncé des conditions de travail choquantes sur un chantier de la luxueuse rue du Rhône: les ouvriers du second œuvre et de la métallurgie du bâtiment devaient manger et se changer dans un taudis. Coup de gueule payant. Le syndicat continuera à se battre pour la dignité, l’hygiène et la sécurité sur les chantiers

Tous les chantiers ne riment pas avec dignité. La preuve encore à Genève, sur la prestigieuse rue du Rhône, où le syndicat Unia a convoqué les médias le 6 février pour dénoncer l’insalubrité d’un chantier de rénovation. Sur place, une soixantaine de travailleurs du second œuvre et de la métallurgie du bâtiment mangent sur des tables de fortune, au milieu des matériaux, des débris, des poubelles et de la poussière. Photos à l’appui, les syndicalistes montrent des meubles bricolés à partir de palettes, un micro-ondes à même le sol ou encore une cafetière sous une couche de poussière. «C’est inadmissible!» s’indigne José Sebastiao, secrétaire syndical en charge du dossier. La colère est d’autant plus vive que ce chantier n’en est pas à son coup d’essai. «Il y a un an environ, nous avions déjà épinglé ce même chantier pour les mêmes raisons. C’était une vraie porcherie. Nous avions mis la direction des travaux en demeure de nettoyer les lieux et de mettre des cabanes à la disposition des travailleurs.» Le syndicaliste rappelle que le Règlement cantonal sur les chantiers (RChant) prévoit que des locaux nettoyés et chauffés soient mis à la disposition des employés afin qu’ils puissent manger et se changer. «La responsabilité incombe à la direction des travaux, mais aussi aux entreprises qui devraient s’assurer que leurs travailleurs sont bien lotis.»

Second rappel à l’ordre

En 2022, le message semblait avoir passé. «Ce que nous avons demandé a été fait, admet José Sebastiao. Nous sommes revenus quelques fois les mois suivants et les conditions étaient bonnes.» Mais la donne a changé quand le gros œuvre a laissé la place au second œuvre, en fin d’année dernière. Et là, c’est le retour de la «déchetterie». «Quand les maçons s’en vont, on constate souvent une dégradation des conditions de travail. Tous les travailleurs méritent des conditions dignes, sans exception, martèle le responsable syndical. Et sur ce chantier, ce n’est de nouveau plus le cas. Les travailleurs mangent là où ils se changent, sous une couche de poussière, c’est irrespirable.»

Face à ce nouveau constat, Unia a encore une fois saisi l’architecte responsable du chantier, ainsi que l’Inspection cantonale et la Ville de Genève. Précisons que ce chantier est privé d’une part, avec la rénovation d’une banque privée, et comprend une partie publique. «Nous avons demandé que des locaux salubres soient mis en place dans un délai de 24 heures», rapporte José Sebastiao. Un contrôle de la poussière présente dans l’air a également été exigé. Et de rappeler que la présence de poussière sur un tel chantier est normale, mais que des solutions existent pour l’évacuer de telle façon qu’elle n’affecte pas la santé des ouvriers. «C’est une question de volonté. Hélas! La santé des travailleurs passe souvent après les délais et le profit», regrette le responsable syndical. Contacté le lendemain, Unia informe que ses demandes ont été prises au sérieux et que des locaux adaptés sont en cours d’installation. «Nous sommes satisfaits, mais nous restons vigilants et ne manquerons pas de revenir sur ce chantier!»

Cap à tenir

Cette année, Unia compte bien faire de ce sujet l’une de ses priorités. Dignité, hygiène et sécurité sur les chantiers. «Si les employeurs croient que les syndicats sont moins exigeants dans le second œuvre que dans le gros œuvre, ils se trompent!» poursuit le syndicaliste. A noter qu’en 2023, la convention collective romande du secteur sera renégociée. «Et si le nécessaire n’est pas fait sur les chantiers dénoncés, nous passerons à l’offensive, et nous bloquerons les lieux en usant de la force, comme en 2018», prévient Unia.

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Etat du local avant l'intervention d'Unia. © Unia

 

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