* Les résultats de l’enquête sont disponibles sur: unia.ch,
Pour plus de respect sur les chantiers!
Lors d’une assemblée inédite, les travailleuses du bâtiment d’Unia ont revendiqué de meilleures conditions de travail et d’hygiène, ainsi que la fin du sexisme
Le 22 avril, des femmes actives dans les métiers du bâtiment se sont réunies pour la première fois à Berne à l’occasion d’une assemblée organisée par Unia. Peintres, plâtrières, électriciennes ou encore maçonnes, elles se sont rassemblées pour faire le point sur le résultat de l’enquête* menée par le syndicat, de décembre à mars, relative aux préoccupations des femmes dans ces branches.
Environ 300 participantes ont répondu aux questions sur les conditions d’hygiène, sur la conciliation entre travail et vie privée, sur la discrimination et le harcèlement sexuel et sur les salaires.
Globalement, le sondage montre que les conditions de travail sont difficiles, notamment à cause du défaut d’hygiène, et qu’il y a un manque de respect et de reconnaissance pour le travail que les employées accomplissent.
Revendications
Plus en détails, elles sont 73% à exiger des toilettes propres avec de l’eau courante et des poubelles.
Sur la question du harcèlement moral et sexuel, la moitié d’entre elles en subissent de temps en temps et souvent, et 4% en subissent tout le temps. «Les agressions sont surtout perpétrées par des employés d’autres entreprises, mais aussi par des clients, des collègues et des supérieurs», précise Unia dans le bilan de l’enquête. «Dans les commentaires, les femmes ont rapporté des dévalorisations – “Tu n’es pas assez forte pour ça” – un manque de respect, des propos sexistes, des blagues et des remarques sur leur apparence et leur corps.»
Quant à la violence sexualisée, qui implique des attouchements ou des appels de harcèlement, un quart en ont déjà été victimes sur leur lieu de travail, dont 3% de manière récurrente.
Face à ces chiffres inquiétants, 82% des sondées demandent à Unia d’agir contre le mobbing, le harcèlement et les violences sexuelles et sexistes au travail. «Les employeurs ont de toute façon l’obligation de protéger leurs employées contre ce phénomène: l’article 4 de la Loi sur l’égalité interdit le harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Si une entreprise ne fait rien, elle peut être poursuivie», rappelle le syndicat.
Les travailleuses présentes à l’assemblée ont adopté une résolution de la région de Genève qui exige, entre autres, que les problèmes du harcèlement sexuel et de la violence sexualisée dans les métiers du bâtiment doivent être abordés dès l’apprentissage.
Gagner plus
Une autre grosse revendication concerne les salaires, qu’elles souhaitent meilleurs pour toutes et tous. Les 92,2% des femmes interrogées sont favorables à un salaire égal pour le même travail. Elles sont par ailleurs 83% à estimer qu’il est important, voire très important, que des rémunérations plus élevées soient versées après l’apprentissage. Sans oublier les personnes disposant d’une longue expérience professionnelle qui devraient, selon 60% des sondées, urgemment toucher des salaires plus élevés.
Par ailleurs, elles ont été nombreuses (90%) à souhaiter une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle. A noter que 78% d’entre elles travaillent à plein temps.
De même, les femmes du bâtiment plébiscitent la réduction du temps de travail hebdomadaire (70%) ainsi qu’une extension des congés de maternité (83%) et de paternité (86%). Enfin, elles sont 72% à être prêtes à donner une partie de leur salaire pour permettre une retraite anticipée.
Aller plus loin
Les conditions de travail doivent être améliorées d’urgence, estime Unia, qui appelle les employeurs à respecter les besoins et les préoccupations des femmes sur les chantiers. «Leurs revendications sont importantes pour elles-mêmes, mais aussi pour leurs collègues masculins», souligne le syndicat.
La grève du 14 juin prochain sera une occasion de rendre visibles ces revendications, mais l’engagement d’Unia pour que celles-ci soient entendues et mises en œuvre ira au-delà. «Ces thèmes seront relayés lors des conférences de branche, puis inscrits dans des cahiers de revendications que nous défendrons lors des négociations avec les associations patronales», assure Bruna Campanello, coresponsable du secteur Arts et métiers et membre du comité directeur d’Unia. Plusieurs conventions collectives de travail sont en cours de négociations, ou vont l’être, comme celle du second œuvre romand, des techniques du bâtiment ou de l’électricité. «La question des toilettes, cruciale pour les femmes comme pour les hommes, est déjà sur le tapis», confirme la responsable syndicale.
Et de conclure: «La pénurie de main-d’œuvre est massive dans ces métiers. L’une des solutions serait que les femmes viennent travailler sur les chantiers, mais pour cela, il va falloir améliorer les conditions de travail, pour toutes et tous! C’est le bon moment pour changer les choses.»