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Pour un moratoire sur les primes et une caisse publique

A Genève, l’exigence d’une caisse maladie publique et solidaire, avec des primes en fonction du revenu, était largement partagée.
© Cédric Vincensini

A Genève, l’exigence d’une caisse maladie publique et solidaire, avec des primes en fonction du revenu, était largement partagée.

Samedi dernier, la gauche et les syndicats ont organisé des manifestations à Genève et à Lausanne pour protester contre la hausse des cotisations maladie

Après le choc et l’indignation provoqués par l’annonce des montants des primes maladie 2024, la protestation se fait désormais entendre dans la rue. Plus de 500 personnes ont défilé le 7 octobre à Bellinzone en revendiquant une caisse maladie unique et publique avec des primes payées en fonction des revenus. Samedi dernier, une «marche contre la hausse des primes» était organisée à Lausanne par les partis de gauche. Elle a réuni une centaine de participants. A Genève, la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), la gauche et des organisations progressistes appelaient aussi à une mobilisation de protestation qui a rassemblé 500 manifestants. Les cotisations maladie augmenteront de 9,9% en 2024 dans le canton de Vaud, tandis qu’au bout du lac, elles seront majorées de 9,1%.

«La prime de base a plus que doublé en vingt ans, cette cherté de l’assurance maladie amène toute une série de gens à contracter la franchise la plus élevée à 2500 francs. Or, comme l’avait montré une étude de Caritas, un cinquième de la population ne dispose pas de cette somme pour faire face à un imprévu. C’est une entrave à l’accès aux soins», s’indigne Jocelyne Haller, militante de Solidarités et d’Unia Genève. «On a voulu instituer cette assurance obligatoire en 1996 justement pour garantir l’accès aux soins, mais dans les faits, on a rendu les assurés captifs d’un système qui appauvrit les ménages et qui a failli largement. On paie plus aujourd’hui alors que le catalogue des prestations a diminué. Le système est d’autant plus aberrant qu’à Genève, quatre personnes sur dix ne parviennent pas à payer leurs primes sans une aide de l’Etat. Les assurés passent donc deux fois à la caisse, par les cotisations et à travers les impôts. Le système actuel est aberrant et confiscatoire», déplore cette ancienne députée et assistante sociale.

«Les failles de la LAMaL, imposée par les assureurs et la droite dans les années 1990, rendent cette assurance antisociale et discriminatoire, puisqu’elle est financée par tête sans égard de la capacité financière des assurés et que les primes sont calculées par les seules caisses», souligne, de son côté, le conseiller national Christian Dandrès. Une vendeuse, une horlogère, un employé de la restauration ou un travailleur du bâtiment paient ainsi la même prime que Severin Schwan, président de Roche et patron le mieux payé de Suisse (15,05 millions).

A Berne, toutes les solutions proposées par la gauche ont buté sur la majorité de droite du Parlement. Celle-ci a encore récemment refusé de limiter le montant des primes. Et il est à craindre que rien ne change lors des élections de ce dimanche 22 octobre.

Des primes proportionnelles au revenu

Les signataires de l’appel à la manifestation genevoise revendiquent la création d’une caisse publique aux cotisations proportionnelles au revenu et à la fortune, ainsi qu’un moratoire sur l’entrée en vigueur des nouvelles primes. «Le Conseil fédéral s’était arrogé des pouvoirs étendus pour assurer la santé de la population du temps du Covid, il peut aujourd’hui décréter un moratoire sans diminution des prestations», indique Paolo Gilardi pour la CGAS. Les caisses ne risquent pas de tomber en faillite avant un moment puisqu’elles disposent de réserves deux fois supérieures à ce que prévoit la loi.

Jeudi dernier, le Grand Conseil genevois a accepté une résolution des Verts demandant à Genève d’exercer son droit d'initiative afin que les Chambres fédérales autorisent les cantons à instituer des caisses cantonales uniques.

Et il reste la possibilité de relancer une initiative populaire fédérale. «Les fortes disparités régionales que nous connaissions lors de la dernière votation sur la caisse unique en 2014 tendent à s’effacer et les sondages montrent qu’une caisse publique pourrait désormais être acceptée. En tenant compte de ce changement dans l’opinion publique, la perspective devrait être de coaliser les forces afin de lancer une initiative largement portée au niveau national», conclut Jocelyne Haller.

En attendant, une échéance importante sera la prochaine votation sur l’initiative populaire fédérale du Parti socialiste, soutenue par l’Union syndicale suisse, visant à limiter les primes à 10% du revenu disponible.

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«Dans le domaine hospitalier et dans les soins de longue durée, les cantons vont se désinvestir et reporter les charges sur les caisses maladie. Ainsi, au lieu de favoriser le développement d’un système de santé efficient et de qualité, nous allons au contraire accélérer l’explosion des coûts pour les payeurs de primes, tout en mettant en danger la couverture de base en matière de soins», souligne Véronique Polito, vice-présidente d’Unia, inquiète face à ce report de charge.

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