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Prendre en compte les séries

Roland Vouilloz et Cedric Djedje dans la série Helvetica
© Rita Productions / Pascal Mora

Helvetica, une série romande qui arrivera sur nos écrans au cours du second semestre de cette année.

Du grand au petit écran, des cinéastes franchissent de plus en plus souvent le pas. Premier regard sur les séries

Souvenir: la Cinémathèque suisse vient de restaurer Quatre d’entre elles, des portraits de femmes à 15, 23, 32 et 70 ans, signés Champion, Reusser, Sandoz (trois fois 26 minutes) et Yersin (39 minutes), produits en 1968 par Milos-Films (société alors entre les mains de l’auteur de ces lignes). On parlerait aujourd’hui de minisérie.

Le cinéma, quand il revient, année après année, avec les aventures d’un même personnage, construit depuis longtemps des séries, avec, comme exemple parmi d’autres, le très apprécié James Bond.

On vient de lire dans Le Monde, cinq jours de suite, sur chaque fois deux pleines pages, un survol de la politique de la droite en France ces dernières années. Les auteurs pourraient présenter leur texte comme un projet de série. Et qui s’attaquera, demain, chez nous, à un feuilleton dont le sujet principal serait inspiré de «maudettes» aventures?

Grands et petits écrans

Quand un film est vu en Suisse romande devant de grands écrans par 10000 spectateurs, on parle d’honorable succès. Mais chaque soir, à minuit, il y a souvent plus de 10000 téléviseurs encore allumés! La télévision, presque partout, avec les séries, peut proposer un divertissement de fiction, ou une enquête de documentation, à un bien plus grand nombre de spectateurs que ceux regardant un film de long métrage sur le grand écran. On peut affirmer, à juste titre, que la série est désormais un secteur essentiel de la télévision.

Un film est souvent plus riche de multiples signes lorsqu’on le voit sur grand plutôt que sur petit écran. C’est d’ailleurs pour cela qu’un film moyen semble meilleur en petit format. On ne sait presque rien du contraire: un produit préparé pour la seule télévision, comme un Temps présent, comment serait-il perçu sur le grand écran? En revanche, il est certain que la télévision, quand elle permet de suivre des événements, par exemple sportifs, en direct sur des écrans géants, est largement appréciée.

Un film prévu pour les salles obscures a un coût plus élevé à la minute que celui destiné au salon des particuliers. Les chaînes de télévision n’ont pas tellement de questions à se poser sur le rendement financier. Les risques d’échec à ce niveau sont, pour elles, assez faciles à supporter. Mais il arrive souvent que la télévision doive, au tournage, travailler plus vite que le cinéma.

Pendant des années, le cinéphile pur et dur s’est plu à dire d’un film dont la qualité lui semblait insuffisante qu’il ne s’agissait que d’un «téléfilm». Les temps changent. La fiction réservée au petit écran, sous la forme d’une série, est un important secteur. Il faut donc examiner un produit destiné à la seule télévision avec le même niveau d’exigence que celui appliqué au cinéma.

Grands cinéastes pour réaliser des séries

Il se pourrait aussi, finalement, que tourner pour la télévision soit plus confortable que pour le cinéma, les soucis financiers de production étant moins pesants. Bon nombre de grands cinéastes acceptent de travailler pour la télévision sans baisser leurs exigences. C’est le cas pour R. W. Fassbinder quand il réalise Berlin Alexanderplatz, Lars von Trier avec L’Hôpital et ses fantômes, Steven Soderbergh pour The Knick, Jane Campion avec Top of the Lake, Bruno Dumont pour P’tit Quinquin ou Coincoin et les Z’inhumains, entre autres. Avec Game of Thrones et ses huit saisons, la télévision dispose, elle aussi, d’un «blockbuster», d’ailleurs de fort bonne qualité, donc défendable.

Un podium romand

Que se passe-t-il en Suisse? Nous pouvons voir actuellement sur le petit écran romand, en fin de soirée le mardi, Le croque-mort tourné par la SRF de Zurich, qui nous laisse d’ailleurs un peu dubitatif. La RTS vient de présenter Double vie, en coproduction avec la Belgique, importante ouverture sur l’étranger. Notons qu’une série comme Double vie, qui dispose d’un budget dépassant légèrement les trois millions de francs, permet de donner un solide coup de pouce à l’audiovisuel romand, des mois de travail à de nombreux collaborateurs ou des commandes à des entreprises.

En cette saison où il est souvent question de podium, donnons sa composition si les concurrents étaient les séries romandes des cinq-six dernières années: en or la série Dix, en argent Station horizon, en bronze Double vie. Ces séries oscillent entre le bas du haut de gamme ou le milieu du moyen de gamme, positions donc fort honorables.

La prochaine série romande, Helvetica, qui aborde le monde de la politique côté «combines», sera présente sur notre petit écran au cours du second semestre de 2019. Les deux photos publiées ici permettent de saluer une première fois cette série avec l’espoir de pouvoir en dire, en temps opportun, grand bien…

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